Le présent numéro de Responsabilité & Environnement des Annales des Mines traite principalement du captage et du transport du CO2 suivi de son stockage ou de son utilisation (CCUS), et donc des puits de carbone technologiques. Les deux premières parties de ce numéro présentent le besoin actuel en matière de capture et de stockage du CO2 et son déploiement industriel qui paraît plausible (et sans doute nécessaire !) à court terme. La troisième partie concerne plus généralement les technologies d’émissions négatives, y compris la notion déjà ancienne de géo-ingénierie, et présente leur degré d’avancement.
Le constat est somme toute assez simple et devrait permettre de répondre au souhait émis depuis fort longtemps par Claude Mandil de voir se développer le CCUS : cette technologie est désormais devenue incontournable non seulement pour permettre la réduction des émissions de GES – selon l’AIE, le CCUS pourrait contribuer à presque 15 % des réductions cumulées par rapport à un scénario tendanciel –, mais aussi pour le déploiement de deux des principaux procédés générant des émissions négatives, la bio-énergie avec capture et stockage du CO2, et le captage direct dans l’air du CO2 suivi de son stockage ; des procédés que le GIEC juge nécessaires pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5° C sans dépassement ou avec un dépassement limité. Pas étonnant donc que le président actuel des États-Unis, Joe Biden, se soit explicitement prononcé en octobre 2020, lors de sa campagne, en faveur de cette technologie : « We should be moving toward finding the new technologies that are going to be able to deal with carbon capture » et que la législation américaine ait récemment renforcé le crédit d’impôt en faveur de la capture et du stockage du CO2. Ou qu’Elon Musk ait annoncé en février 2021 que sa fondation caritative et lui-même allaient consacrer 100 millions US$ à un concours qui soutiendra la meilleure technologie de capture de carbone permettant d’extraire le dioxyde de carbone (CO2) de l’air ou des océans. Pas étonnant non plus que lors de la COP26 à Glasgow, une vingtaine de pays, dont les États-Unis, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, se soient engagés à mettre un terme, d’ici à fin 2022, au financement à l’étranger de projets de centrales utilisant des énergies fossiles sans techniques de capture du CO2. [Lire la suite]
Extrait de l’introduction de
Dominique Auverlot, CGEDD (Conseil général de l’environnement et du développement durable)
et Richard Lavergne, CGE (Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies)
Captage, stockage et utilisation du carbone
sous la direction de Dominique Auverlot et Richard Lavergne
Préface de Claude Mandil
Annales des Mines
Série « Responsabilité & Environnement »
N° 105 – Janvier 2022