Les objets connectés, communicants, augmentés, font rêver depuis de nombreuses années. On a longtemps annoncé « la révolution » qu’allaient entrainer dans leur sillage tous ces objets. Si leur nombre ne cesse d’augmenter et leurs usages de se développer, si les objets communicants n’ont de cesse d’envahir notre quotidien, peut-on réellement parler de révolution ?
La première difficulté rencontrée pour ce numéro est de poser des définitions. En effet, de nombreux concepts interfèrent et se contredisent, on parle indifféremment dans la presse d’objets connectés, de l’Internet des objets, d’interconnexions d’objets, d’objets communicants, de bâtiment intelligent, de smart city, etc.
Nous avons choisi volontairement pour ce numéro de ne pas donner de définition a priori afin de recueillir des avis avec un spectre le plus large possible, mais également de souligner une évolution dans ces différents concepts : des objets connectés aux objets communicants. Si l’imaginaire porte aux objets connectés d’être de « simples » capteurs, l’« intelligence » de ces objets est de plus en plus présente dans la littérature, les objets devenant ainsi non seulement connectés mais communicants.
Ainsi, la valeur intrinsèque des objets communicants serait-elle non pas dans les objets eux-mêmes mais dans le fait qu’ils communiquent, créant ainsi une chaine de valeur ? En effet, pour que la valeur puisse être créée, il faut non seulement connecter les objets mais en collecter les données, les transporter, les analyser puis les valoriser et les partager. C’est de cet ensemble complet que naissent les applications concrètes et des bénéfices économiques ou sociétaux, autrement dit une création de valeur. La valeur des objets communicants s’articulerait alors autour de trois grands volets : les objets eux-mêmes, la connectivité, et enfin les données et leur traitement […]
Finalement, pourquoi connectons-nous les objets ? Si la révolution annoncée n’a jamais réellement eu lieu, le changement est-il en cours ? Avons-nous besoin de ces objets ? Sommes-nous réellement en capacité de traiter toutes les données qu’ils communiquent ? Ces données peuvent-elles nous échapper ? La productivité est-elle réellement améliorée par la multiplication des objets communicants ? Le livre interactif est-il facilitateur des apprentissages ou au contraire efface-t-il la réflexion personnelle ? Peut-on perdre le contrôle de nos systèmes ? Devons-nous foncer tête baissée dans ce monde hyperconnecté où même nos frigos doivent l’être ? Jusqu’où irons-nous dans cette société où l’information en temps réel est devenue le Graal ?
Ce numéro n’a pas la prétention de répondre à toutes ces questions, mais l’ambition de montrer le point de vue et la vision des différentes parties prenantes dans la création de valeur(s) des objets connectés, et ainsi d’ouvrir quelques portes pour éclairer le lecteur sur les évolutions des objets communicants.
La première et la deuxième partie de ce numéro vont illustrer les usages et technologies extrêmement variés qui rendent possibles les objets communicants.
Tandis que la dernière partie ouvrira la réflexion sur les enjeux sociétaux qu’ils posent.
Extrait de l’introduction d‘Anne-Lise Thouroude (Arcep), coordonnatrice du numéro 16 de la série « Enjeux numériques » des Annales des Mines.
Laurent Toutain, chercheur à IMT Atlantique, co-signe l’article « Les protocoles de l’Internet au service de l’interopérabilité de l’Internet des objets ». Christine Balagué, chercheuse à Institut Mines-Télécom Business School est l’auteure de l’article « Les enjeux éthiques des objets communicants personnels ».
Des objets connectés aux objets communicants
sous la direction d’Anne-Lise Thouroude
Annales des Mines
Série « Enjeux numériques »
N°16 – Décembre 2021
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