Améliorer l’accès aux grands équipements de recherche sur le climat et la qualité de l’air, et en optimiser l’utilisation : tels sont les objectifs du projet européen ATMO-ACCESS. Véronique Riffault et Stéphane Sauvage, chercheurs à IMT Lille Douai, l’une des 38 institutions partenaires du projet, en détaillent ici les enjeux.
Dans quel contexte le projet ATMO-ACCESS est-il né ?
Stéphane Sauvage – Le projet ATMO-ACCESS répond à un appel à projet pilote H2020-INFRAIA spécifiquement ouvert pour certaines infrastructures de recherche (IR) ciblées par l’appel, afin qu’elles facilitent l’accès à une communauté large d’utilisateurs et développent des services d’accès innovants et harmonisés à l’échelle européenne.
La participation d’IMT Lille Douai dans ce projet est en lien avec son implication significative dans l’IR ACTRIS (Aerosol, Clouds, and Trace gases Research InfraStructure). ACTRIS est une IR distribuée regroupant des laboratoires d’excellence et des plateformes d’observation et d’exploration, en support des recherches sur le climat et la qualité de l’air. Elle permet d’améliorer la compréhension de l’évolution passée, présente et future de la composition atmosphérique et des processus physico-chimiques qui contribuent à la variabilité climatique à l’échelle régionale.
Quel est l’objectif du projet ATMO-ACCESS ?
S.S. – ATMO-ACCESS s’adresse à la communauté des sciences de l’atmosphère au sens large. Il concerne trois IR : ACTRIS, ICOS et IAGOS, combinant des plateformes d’observation et d’exploration, fixes ou mobiles, des centres de calibration et des centres de données. C’est un projet pilote dont l’objectif est de développer un nouveau modèle d’activités d’intégration pour ces infrastructures, notamment en fournissant une série de recommandations pour des procédures d’accès harmonisées et innovantes permettant d’établir un cadre général durable.
Quels seront les moyens déployés pour atteindre cet objectif ?
S.S. – Le projet a reçu 15 millions d’euros, dont environ 100 K€ pour IMT Lille Douai où quatre enseignants-chercheurs et ingénieure de recherche sont impliqués. ATMO-ACCESS ouvrira aux utilisateurs scientifiques et industriels un accès physique et à distance à 43 installations de recherche atmosphérique européennes opérationnelles, comprenant des stations d’observation au sol, des chambres de simulation, mais également des installations mobiles et des centres de calibration qui sont des éléments fondamentaux des IR.
Pourquoi est-ce important de permettre un accès durable aux infrastructures de recherche dans le domaine des sciences de l’atmosphère ?
Véronique Riffault – Il s’agit d’une part d’optimiser l’utilisation des grands équipements de recherche, de mutualiser les efforts et d’éviter les doublons dans un contexte de rationalisation et de transition environnementale, et d’autre part de promouvoir l’excellence scientifique et de maintenir un niveau élevé dans le transfert de connaissances et de savoir-faire, les collaborations internationales, la formation des jeunes scientifiques et la contribution des IR aux innovations technologiques et au développement économique.
Quel est le rôle des chercheurs d’IMT Lille Douai dans ce consortium ?
V.R. – Les chercheurs d’IMT Lille Douai ont pour tâche de développer des outils de formation virtuelle pour les utilisateurs de ces infrastructures de recherche et de leurs produits. Au sein de cette communauté scientifique, l’expertise d’IMT Lille Douai dans le développement de ressources pédagogiques innovantes (Massive Open Online Course-MOOC, jeux sérieux) est reconnue, grâce aux ressources que l’École a déjà créées en collaboration avec son Pôle d’ingénierie pédagogique, notamment un premier MOOC en anglais portant sur les causes et les impacts de la pollution de l’air, et un jeu sérieux, qui devrait intégrer un second module de ce MOOC actuellement en cours de production.
Dans le cadre d’ATMO-ACCESS, un SPOC (Small Private Online Course) pilote présentera l’intérêt et les enjeux de ces infrastructures, un jeu sérieux permettra de valoriser les données proposées par les observatoires et stockées dans les centres de données, et des vidéos-tutoriels pour certains instruments ou méthodologies aideront à diffuser les bonnes pratiques.
Qui sont vos partenaires et quelles collaborations scientifiques allez-vous mettre en place ?
V.R. – Le projet, coordonné par le CNRS, regroupe 38 institutions partenaires dans 19 pays européens. Nous allons travailler avec des collègues scientifiques de tous horizons : les centres de calibration responsables de l’assurance qualité des mesures, les centres de données pour la mise en place technique des ressources, et bien sûr la communauté dans son ensemble pour répondre au mieux à ses attentes et engager un processus d’amélioration continue. En plus du monde académique, d’autres utilisateurs pourront bénéficier des outils mis en place par le projet ATMO-ACCESS : des acteurs internationaux majeurs et autorités publiques (ESA, EEA, EUMETSAT, EPA, gouvernements, etc.) ainsi que le secteur privé.
Le meeting de lancement du projet vient de se tenir. Quelles en sont les prochaines étapes importantes ?
V.R. – Le projet a effectivement été lancé à la mi-mai. Une première réunion du groupe de travail dans lequel IMT Lille Douai est principalement impliqué est prévue au retour des congés d’été. Notre premier livrable sera le SPOC transdisciplinaire aux sciences de l’atmosphère, prévu dans moins de deux ans. Le projet lancera également son premier appel pour l’accès aux IR en octobre 2021, destiné aux communautés de l’atmosphère et au-delà.
Propos recueillis par Véronique Charlet
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