ThermiUP répond à l’enjeu de l’économie d’énergie dans les bâtiments. Cette start-up, incubée à IMT Atlantique, s’apprête à commercialiser un dispositif permettant de transférer la chaleur des eaux grises vers les eaux fraiches. Son directeur, Philippe Barbry, nous présente cette solution.
A quels enjeux répond la startup ThermiUp ?
Philippe Barbry : L’économie d’énergie est un enjeu important d’un point de vue sociétal, mais aussi au niveau des règlementations. En ce qui concerne le secteur du bâtiment, il y a des règlementations thermiques de plus en plus strictes. La précédente a eu lieu en 2012, la prochaine sera effective en 2022 et intègrera les émissions de CO2 associées à la consommation d’énergie. Les nouvelles constructions doivent répondre à la règlementation en vigueur. Notre dispositif permet de réduire le besoin en énergie pour chauffer l’eau sanitaire, et aide par conséquent les promoteurs immobiliers et les bailleurs sociaux à se conformer à la règlementation.
Quel est le principe du dispositif de ThermiUP ?
PB : C’est un dispositif d’échange d’énergie entre les eaux grises, c’est-à-dire les eaux usées issues de la consommation domestique et faiblement polluées, et les eaux fraiches. L’échangeur est disposé le plus près possible de la sortie d’eau sanitaire afin que celle-ci ait perdu un minimum d’énergie thermique. L’échangeur relie le tuyau de sortie d’eau avec celui d’arrivée d’eau fraiche.
En moyenne, l’eau d’une douche est à 37 °C et refroidit légèrement à la sortie : elle arrive à environ 32 °C dans notre dispositif. L’eau fraiche est en moyenne à 14 °C. Avec notre échangeur, cela permet de la préchauffer à 25°C. Les douches représentent environ 80% du besoin en eau chaude sanitaire et l’échangeur permet d’économiser un tiers de l’énergie nécessaire à la production totale d’eau chaude sanitaire.
La récupération de la chaleur des eaux grises représente-t-elle un enjeu énergétique important dans le secteur du bâtiment ?
PB : Historiquement, la plupart des efforts concernaient le chauffage des bâtiments et leur isolation. Mais les progrès dans ce secteur ont été très importants et à présent cela représente seulement 30 % de la consommation d’énergie dans les logements neufs. Par conséquent, l’eau chaude sanitaire représente aujourd’hui 50 % de la consommation d’énergie dans ces bâtiments.
Quelle est la durée de vie du dispositif ?
PB : C’est un des avantages de notre échangeur : sa durée de vie est équivalente à celle d’un bâtiment, qui est considérée comme étant de 50 ans. C’est un système passif, qui ne nécessite pas d’électronique, de pièce en mouvements ou de moteur. Celui-ci se base simplement sur les lois de la gravité et de la transformation de l’énergie. Il ne peut pas tomber en panne, ce qui représente un avantage considérable pour les promoteurs immobiliers. ThermiUP permet de réduire le besoin en énergie mais peut être compatible avec d’autres systèmes comme le solaire.
Quelle est le mécanisme de fonctionnement de votre échangeur ?
PB : Ce n’est pas un échangeur à plaques traditionnelles, car celui-ci s’encrasserait rapidement. Notre recherche et développement s’est basée sur d’autres types d’échangeurs. C’est un dispositif en cuivre qui est un matériau facilement recyclable. Nous avons optimisé le prototype sur l’échange et sa géométrie ainsi que sur sa technique de fabrication industrielle pendant deux ans à IMT Atlantique. Mais je ne peux pas en dire plus là-dessus jusqu’à la mise sur le marché qui aura lieu d’ici quelques mois.
Prévoyez-vous d’implémenter ce dispositif dans d’autres types de logements que les nouvelles constructions ?
PB : Pour l’instant, avec notre dispositif, nous prévoyons uniquement de viser le marché des nouvelles constructions, qui est un marché conséquent car il y a environ 250 000 nouveaux logements collectifs par an en France. À l’avenir, nous allons travailler sur des prototypes pour les logements individuels ainsi que pour le secteur de la rénovation.
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Par Antonin Counillon