La crise de 2011 est passée et les pénuries prédites à l’époque ne se sont pas concrétisées. Toutefois, la Chine reste le principal pays producteur des trois quarts des minéraux critiques qui figurent sur la liste publiée par la Commission européenne. Ce pays produit, par exemple, 94% de la production mondiale estimée de gallium et environ 80% de la production mondiale de tungstène et de terres rares… La Chine est le seul pays à disposer de l’intégralité de la chaîne de valeur des aimants permanents (de la mine à l’aimant), et plus de 90% des terres rares utilisées dans les génératrices à aimants permanents des éoliennes (principalement du dysprosium et du néodyme) viennent de mines chinoises. Le poids de ce pays dans la production de ces matières premières lui permet donc, par le levier de sa politique commerciale, d’avoir toujours un effet significatif sur les prix et sur la disponibilité de nombreuses substances critiques pour l’industrie française et européenne.
La crise sanitaire mondiale du virus Covid-19 peut rebattre une partie des cartes, mais les recommandations des administrations, française et européenne, pour limiter la dépendance en minerais et métaux vis-à-vis de certains pays, restent d’actualité. Ainsi, le recyclage concourt à sécuriser nos approvisionnements, quel que soit le contexte. La pandémie peut toutefois mettre en évidence des fragilités supplémentaires dans les chaînes d’approvisionnement. Par exemple, si la situation se dégrade fortement dans certains pays d’Afrique ou en Amérique du Sud, il est possible de voir apparaître des tensions sur les approvisionnements en cuivre, en cobalt, en alumine… D’autant plus que l’économie chinoise en redémarrant va créer une tension supplémentaire sur les stocks […]
Extrait de l’introduction d’Isabelle Wallard
Ingénieure générale des Mines, Conseil général de l’Économie
Matières premières et nouvelles dépendances
Sous la direction d’Isabelle Wallard
Annales des Mines
Série « Responsabilité & Environnement »
N°99 – Juillet 2020