Le développement de la 5G est rendu possible grâce au développement de nouvelles technologies. Le rôle de la Network Function Virtualization, ou NFV, est de virtualiser les équipements réseau. Adlen Ksentini, chercheur à EURECOM, nous présente les détails de cette virtualisation.
Qu’est-ce que la NFV ?
Adlen Ksentini : Le NFV est la virtualisation des fonctions réseaux, un système souhaité par les fournisseurs de services et les opérateurs de réseau afin de détacher le software – le logiciel – du hardware – l’équipement matériel. Cela se base sur le cloud computing : le logiciel peut aller dans un environnement virtuel, le cloud, et tourner sur les PC de tous les jours. Le but est de pouvoir utiliser un logiciel implémentant une fonction réseau et de le faire tourner sur plusieurs types de hardware, au lieu de devoir acheter un hardware dédié.
Comment cela fonctionne ?
A.K. : Cela se fait par l’utilisation d’un hyperviseur, une couche de virtualisation qui permet d’abstraire le matériel. Le but est de virtualiser le logiciel qui implémente une fonction réseau pour le faire tourner sur une machine virtuelle ou un conteneur dans le cloud.
Quels types de fonctions sont virtualisées ?
A.K. : Lorsque l’on parle de fonctions réseau cela peut être le routeur qui transmet les paquets vers la bonne destination, les pare-feux qui protègent les réseaux, les serveurs DNS qui traduisent les noms de domaines en adresse IP, ou bien encore les détections d’intrusions. Toutes ces fonctions vont être déployées dans des machines virtuelles ou conteneurs pour qu’une PME par exemple n’ait pas à investir dans une infrastructure pour héberger ces services, mais qu’elle puisse les louer à un fournisseur du cloud, utilisant le modèle Infrastructure as a Service (IaaS).
Quels avantages offre la NFV ?
A.K. :La NFV reprend tous les avantages du cloud computing. Il y a d’abord donc une réduction des coûts, puisque l’on ne paye que pour les ressources utilisées. Il y a également un enjeu de liberté, car la couche de virtualisation permet de fonctionner sur plusieurs types de hardware. Il est aussi possible de réagir en fonction d’un trafic plus ou moins important. Si le trafic augmente subitement il est possible de monter en charge pour répondre aux besoins.
La performance aussi rentre en compte. Dans un cas normal, le système d’exploitation de l’ordinateur ne va pas dédier toutes les capacités du processeur à une seule tâche, il va les répartir et les performances peuvent en pâtir. L’intérêt du cloud computing est de tirer profit des ressources presque illimitées du cloud. Cela offre aussi une plus grande élasticité, car lorsque l’on n’en a plus besoin, les ressources peuvent être libérées.
Pourquoi est-ce une technologie au cœur de la 5G ?
A.K. : Les réseaux cœurs de la 5G sont virtualisés, ils vont tourner nativement dans le cloud. Il faut alors du software capable de faire tourner ces fonctions réseaux dans le cloud. La NFV offre de nombreux avantages et c’est pour cela qu’elle est reprise au cœur de la 5G. La NFV et le SDN sont complémentaires et permettent d’obtenir un réseau virtuel.
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Quelles évolutions pour la NFV ?
A.K. : Les technologies de communication ont créé un cadre pour orchestrer et manager des ressources virtuelles, mais le standard continue à évoluer et plusieurs travaux visent à l’améliorer. Certains visent à approfondir l’aspect sécurité, pour renforcer la défense face à des attaques. Mais on parle aussi de plus en plus de l’utilisation de l’intelligence artificielle pour que l’opérateur puisse améliorer les ressources sans intervention humaine. C’est le concept de Zero Touch Management, pour que les réseaux NFV soient auto-correcteurs, auto-manageables et sécurisés, bien sûr.
Tiphaine Claveau pour I’MTech
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