Non, la transformation numérique ne fait pas peur aux salariés

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation. Par Emmanuel Baudoin, Institut Mines-Télécom Business School.

 

L’édition 2019 de l’étude « Les salariés français à l’ère de la transformation digitale » du HRM Digital Lab de Institut Mines-Télécom Business School montre que les salariés français n’ont pas peur de la transformation digitale, voire attendent, pour certains d’entre eux, un engagement plus fort de leur entreprise dans cette transformation.

Cette étude a été conduite auprès d’un échantillon représentatif d’un peu plus de 1 000 salariés français, administrée par Opinion Way avec le soutien du CFA-EVE et de l’ANDRH Essonne. Une étude complémentaire a été réalisée auprès de 100 décideurs dans le secteur privé, localisés en Ile-de-France, afin de recueillir leur perception de la transformation digitale dans leur entreprise.

Une transformation multifacettes

Il en ressort tout d’abord que 90 % des salariés indiquent que le numérique a aujourd’hui impacté leur métier. Ce chiffre est sans appel. Il recouvre néanmoins des situations variées. Pour 48 % de ces mêmes salariés, l’impact du numérique sur leur métier est fort. Pour 42 % d’entre eux, cet impact est modéré, voire inexistant. Preuve de l’hétérogénéité des situations, interrogés sur l’importance du numérique dans leur travail, ils sont 11 % à indiquer que le numérique est au cœur de leur métier, 35 % qu’il constitue une part importante de leur travail, 32 % que le numérique est uniquement un support à leur travail, 14 % que le numérique est peu présent dans leur travail et uniquement 9 % qu’ils n’ont pas recours au numérique dans leur travail.

Extrait de l’étude

 

Du côté des 100 décideurs interrogés, toutes tailles d’entreprises et tous secteurs confondus, même son de cloche, le numérique est une réalité incontournable. Ils sont 98 % à relever un impact du numérique dans leur entreprise. Ils sont 65 % à trouver que cet impact est fort, contre 11 % qu’il est faible ou inexistant. Selon eux, tous les processus de leur entreprise ont été touchés : expérience client, gestion de la chaîne logistique, gestion des processus administratifs, manière de concevoir les produits et les services, organisation du travail, mode de management des équipes, ou encore expérience collaborateur.

Une maturité digitale des salariés plutôt bonne

Loin d’être pessimistes quant à l’impact du numérique sur leur métier, les salariés trouvent, pour 84 % d’entre eux, qu’il est en train de rendre leur métier plus intéressant ou qu’il n’y pas d’impact majeur sur leur métier. Lorsqu’on leur demande de choisir un item pour qualifier leur rapport au numérique, ils sont 43 % à choisir un item très positif, 47 % à choisir un item neutre, contre 11 % à choisir un item négatif. Autre résultat fort, ils sont 40 % à attendre que leur entreprise aille plus loin dans cette transformation digitale contre 13 % à ne pas le souhaiter.

Extrait de l’étude

 

Cette perception globalement positive du numérique contribue à la maturité digitale des salariés. Celle-ci peut être définie comme le rapport global entretenu par les salariés vis-à-vis du numérique au travail, leur degré de maîtrise perçu, ainsi que leur degré d’utilisation de celui-ci pour réaliser les différentes activités liées à leur métier.

Concernant leur degré de maîtrise perçu, ils sont 61 % à estimer avoir un très bon ou un bon degré de maîtrise, contre 6 % à avoir une mauvaise ou très mauvaise maîtrise. Dans le même temps, Ils restent lucides quant à leur marge de progression. 62 % des répondants estiment en effet perdre du temps au quotidien par manque de maîtrise de certaines compétences numériques.

Extrait de l’étude

 

Enfin, dernier point intéressant à noter, les résultats confirment également l’émergence d’un nouveau type de salarié, que l’on peut nommer « salarié self RH », identifié dans la première édition de cette étude. Ces salariés « self RH » utilisent le potentiel offert par le numérique pour, entre autres, s’autoformer et développer leurs compétences, autrement dit faire de l’apprentissage informel numérique. Ils mettent également en place des stratégies pour développer leur marque employé, voire revendent leurs compétences.The Conversation

Les salariés français optimistes sur la transformation digitale ! (Emmanuel Baudoin sur Xerfi canal, 2019).

Emmanuel Baudoin, Professeur associé en RH, Institut Mines-Télécom Business School

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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