La rénovation de l’habitat est un point clé de la transition énergétique. Pour accompagner les acteurs publics et les aider dans cette mission, la start-up U.R.B.S. incubée par Mines Saint-Étienne développe un outil numérique : Imope. Jonathan Villot et Maximilien Brossard, les co-fondateurs, présentaient leur innovation lors du CES de Las Vegas du 7 au 10 janvier 2020.
Visuellement, Imope ressemble à une carte numérique. Nous y retrouvons le contour des rues, le détail des bâtiments, une vue d’ensemble du quartier. Ce service est développé par la start-up U.R.B.S (Urban Retrofit Business Services), qui a pour ambition de massifier la rénovation énergétique. Sa force ? « Une interface facile d’utilisation pour aider les acteurs à cibler leurs besoins et atteindre leurs objectifs énergétiques » indique Jonathan Villot, co-fondateur d’U.R.B.S. avec Maximilien Brossard. Pour ce faire, Imope porte essentiellement des données. Cela permet de visualiser les informations pertinentes sur un secteur, un quartier de la ville, ou bien d’accéder au « carnet de bord » d’un bâtiment.
Les bâtiments sont grandement consommateurs d’énergie, car pour un grand nombre, ils n’ont pas été construits dans une optique d’efficacité énergétique. Leur rénovation prend alors une place centrale dans les plans de transition. En 2014, la métropole de Saint-Étienne avait des difficultés à atteindre ses objectifs liés au plan climat et cherchait des solutions pour accélérer la rénovation énergétique du parc de logements. Un exemple assez représentatif de la situation en France où peu, voire pas de territoires, atteignent leurs objectifs. L’histoire de U.R.B.S commence ici.
Une équipe de Mines Saint-Étienne, dont faisaient partie Jonathan Villot et Maximilien Brossard, a alors monté un projet avec la ville pour accompagner les acteurs publics. Le projet a donné vie à Imope, attisé l’intérêt d’autres territoires, et l’équipe a fondé U.R.B.S pour commercialiser et diffuser l’innovation. « Pour l’instant nous couvrons le parc privé, les logements sociaux, et nous souhaitons élargir les types de bâtiments couverts par Imope pour intégrer le tertiaire » signale Jonathan Villot.
Les données changent la donne
« Nous nous sommes basés en grande partie sur des données existantes, mais qui ne sont pas valorisées par les acteurs publics » annonce ainsi le co-fondateur. « C’était un travail conséquent pour évaluer les bases de données, les regrouper et les mettre à disposition des acteurs publics ». Cela peut par exemple être la tranche de revenu d’un habitant, déterminant le type d’aide auquel il peut avoir droit. Le but d’Imope est de croiser ces données avec celles des bâtiments, telles que le système de chauffage, l’année de construction ou encore l’étiquette énergétique.
Cela dit, certaines données étaient manquantes. « Pour estimer l’étiquette énergétique des bâtiments, nous avons développé un module de machine learning qui complète ces données » ajoute Jonathan Villot. L’intelligence artificielle est une solution très prometteuse. Par exemple, un algorithme peut analyser les courbes de consommation énergétique d’un bâtiment ; s’il aperçoit à une certaine date une chute importante de la consommation qui se maintient, il est possible d’en déduire que le bâtiment a probablement été rénové. « Maintenant nous souhaitons augmenter la fiabilité de ces données, il faudrait alors remplacer ces données modélisées par des données réelles, mais aussi croiser plusieurs sources différentes ».
Certaines données sont récupérées sur le site du gouvernement et sont en accès libre. Elles peuvent provenir de recensements, de l’INSEE, ou de l’administration française. D’autres sont enregistrées par des compteurs intelligents, de l’IoT (Internet of Things), ou par le relevé pluriannuel d’un compteur par exemple. Les acteurs publics peuvent aussi avoir accès à des données territoriales et foncières, ou obtenir sous certaines conditions des données auprès d’organismes comme la DGFIP (Direction Générale des Finances Publiques). Cela implique bien sûr des contraintes en matière de sécurité et d’accès car elles sont réservées à des acteurs publics. Sur Imope, certaines données sont alors cryptées et restreintes par un mot de passe pour assurer que les accès soient bien autorisés.
« Bien que beaucoup de données soient accessibles, les acteurs publics n’ont pas toujours les compétences en interne pour les traiter », précise Jonathan Villot. « Nous récupérons les données en leur nom, nous les traitons et développons une interface intelligible pour qu’ils puissent l’utiliser au quotidien ». Cet ensemble de données permet d’avoir en un point toutes les informations pertinentes, que ce soit pour aider à la prise de décision ou pour cibler les travaux nécessaires. « C’était important pour nous de proposer une interface intuitive et facile d’utilisation pour tous » atteste-t-il, « car il est essentiel que les territoires puissent se l’approprier sans effort ».
Un outil de transition
La première étape pour établir un plan climat est un bilan initial du territoire. Ensuite se construit un plan sur cinq ans pour arriver au bilan final souhaité. Sans outil numérique, le bilan initial implique des études de terrain, coûteuses en temps et en moyens. Imope, en tant qu’observatoire de l’habitat, géolocalise et cible les bâtiments rapidement, et apporte des bilans plus réguliers. « C’est à la fois un gain de temps pour les acteurs du territoire, mais aussi une possibilité pour s’adapter et réorienter ses stratégies au quotidien » annonce Jonathan Villot.
« Et ce temps, au lieu de le consommer à connaître le territoire, les acteurs publics peuvent l’utiliser pour accompagner les habitants » souligne-t-il. Le but est également de rendre les acteurs publics plus proactifs. « Il ne faut pas attendre que les habitants partent en quête d’information » annonce-t-il, « il faut aller vers eux et leurs proposer des solutions ». Et pour ce faire, encore faut-il savoir quelles solutions sont disponibles pour qui, et avoir du temps pour accompagner les habitants.
Ces données croisées facilitent l’action de sensibilisation par les acteurs publics. S’ils souhaitent par exemple mener une campagne contre les chauffages au fuel, ils peuvent cibler facilement les résidents concernés. « Connaître les habitants est essentiel pour adapter le message » résume Jonathan Villot, « et cela est nécessaire pour une communication efficace. « Si un acteur public s’adresse aux habitants d’une copropriété où la moyenne d’âge est de plus 65 ans, il ne va pas les captiver en parlant d’un retour sur investissement sur 25 ans ».
Connaître les habitants a également des avantages pour d’autres applications. Dans un contexte de réchauffement climatique, les vagues de chaleur se font plus présentes, et certaines personnes sont plus sensibles que d’autres. Aujourd’hui, il est possible de s’inscrire sur un registre pour signaler une personne à risque, mais cela reste compliqué. Imope pourrait cibler les personnes à risque et les bâtiments les moins résistants face à ces vagues de chaleur pour y remédier. Cet aspect d’adaptation au changement climatique est un projet en cours entre U.R.B.S. et Mines Saint-Étienne pour organiser une défense en amont des vagues de chaleur.
Le CES : dernière étape d’une accélération en 3 temps
Du 7 au 10 janvier 2020, le CES de Las Vegas marquera l’étape finale d’une accélération en trois temps pour les start-up les plus prometteuses de l’IMT.
Étape 1.
Au départ : 42 jeunes pousses issues du réseau des 11 incubateurs IMT ont participé à l’édition 2019 de Vivatech en juin dernier.
Étape 2.
Parmi celles-ci, 20 ont été retenues pour présenter leurs solutions en novembre 2019 au Prix Innovation Bercy-IMT.
Étape 3.
Lors de cet évènement, les membres du jury en ont sélectionné 10 pour bénéficier d’un tremplin international grâce au CES. Les lauréats du Prix Innovation Bercy-IMT seront dévoilés lors de la soirée Convergences 2020, le 7 janvier 2020, en présence de l’écosystème de l’innovation français.
En savoir plus sur le Prix Innovation Bercy-IMT
Pour aller + loin : Découvrez les autres start-up de la délégation IMT au CES de Las Vegas !
Imope ressemble à une carte numérique. Pour moi c’est plus que ça, c’est plutôt une véritable machine à rénovation que je conseillerais à tout le monde à travers mes blogs. Dans tous les cas je vous félicite et bonne continuation.