La start-up WaryMe, incubée à IMT Atlantique, développe une application mobile pour la gestion de crise. En cas de menace industrielle, terroriste ou bien de risques naturels, elle permet de donner l’alerte et de diffuser rapidement des consignes de sécurité. WaryMe présentait notamment sa solution lors du CES de Las Vegas, du 7 au 10 janvier 2020.
Chaque année, la planète est marquée par au moins une catastrophe industrielle de grande ampleur aux effets désastreux. Sans forcément atteindre l’envergure des accidents de Fukushima, du Deepwater Horizon ou de la mine de Soma en Turquie, combien d’explosions, d’inondations ou encore d’incendies industriels sont à déplorer tout au long de l’année ? L’Association des collectivités pour la maîtrise des risques technologiques majeurs (Amaris) constate que la France n’est pas bien préparée aux risques industriels. Dans son livre blanc publié deux mois après l’incendie de l’usine Lubrizol de Rouen, l’association pointe les lacunes nationales en matière de communication, de prévention et de manque de coopération entre les services lors de crises.
Dans ce cadre, Boris Berger et Philippe Lima, fondateurs de WaryMe, développent une application mobile pour renforcer la sécurité des personnes dans des situations de crise majeures. Ils créent la start-up en 2017 avec une solution adaptée à de nombreux contextes allant d’une crise industrielle à une attaque armée. Du 7 au 10 janvier, ils étaient présents au CES de Las Vegas au sein de la délégation IMT pour présenter leur service.
Repenser l’alerte et sa gestion
Les alertes sont habituellement lancées par un appel téléphonique, ce qui manque de flexibilité. Impossible de savoir si la personne contactée va décrocher à temps par exemple. « Pour nous soustraire de ces contraintes, nous avons créé notre propre protocole de gestion du transport et du routage d’informations », présente Boris Berger. Une solution économique qui s’appuie uniquement sur l’utilisation d’un smartphone et de l’Internet mobile. L’application intègre trois fonctions : l’alerte (suite à un accident médical, une intrusion armée, etc.), la gestion de plans de crise et la communication de masse. En entreprise par exemple, un agent témoin d’une anomalie prévient, en un clic, les gestionnaires de sécurité qui suivent les instructions listées dans l’application.
L’application cible les destinataires de l’alerte en fonction de sa localisation, du groupe métier concerné, de contraintes de calendrier, etc. Elle permet à plusieurs personnes d’interagir en simultané et de s’organiser. « Les premiers instants sont déterminants car ils permettent de comprendre qui est impliqué, ce qui se passe, et où », explique Boris Berger. C’est pourquoi WaryMe enregistre tout ce qui survient dès le déclenchement de l’alerte et avant même que quelqu’un n’y réponde. Le gestionnaire de crise peut alors suivre en direct l’état d’avancement d’une situation et accéder à tout ce qui s’est passé avant son intervention.
Une solution adaptée à toutes les crises
Chaque établissement dispose de consignes à suivre en cas d’incendie, d’une attaque terroriste et tout autre scénario plus ou moins extrême. Les communes ont, par exemple, un plan communal de sauvegarde en cas d’inondation, de naufragés de la route, d’accident industriel, etc. Les hôpitaux ont un plan de sécurisation des établissements de santé. Sauf que ces plans n’existent que sous format papier. « Notre application sert de support numérique opérationnel pour déclencher des actions à distance », précise Boris Berger. Bien que chaque plan concerne une menace différente, leur modélisation est identique. Elle s’appuie sur des critères génériques comme l’identification du risque, la définition des conditions de lancement d’un plan, la description des actions en fonction des situations…
Depuis 2017, WaryMe développe notamment une solution à destination des établissements de l’enseignement supérieur en réponse au risque d’attentat. Les entrepreneurs estiment qu’équiper 20% des 2 000 étudiants d’un campus permet d’avoir un réseau suffisant pour diffuser les consignes de sauvegarde à l’ensemble de l’établissement. Mais pour que cela fonctionne, encore faut-il que les utilisateurs téléchargent l’application WaryMe. Un étudiant peut notamment s’interroger sur l’intérêt de son installation sur son téléphone alors que si tout se passe bien, il n’aura jamais à l’utiliser. Pour cela, la start-up intègre sa solution à des applications tierces comme celle d’un campus, ou d’une métropole. L’utilisateur ne sera alors sollicité qu’en cas de crise sans avoir à télécharger un service dédié. Cette démarche a notamment fait ses preuves suite à l’intégration de WaryMe au service App’Elles. Ce dernier, développé par l’association Resonantes, réalise de l’écoute d’ambiance et de l’enregistrement discret dans le cadre de violences conjugales et de harcèlement.
À la conquête de nouveaux marchés
La jeune start-up a déjà identifié plusieurs secteurs d’utilisation de sa solution mobile. Elle se lance notamment à l’assaut des grands évènements (festival, concert...). Dans sa ligne de mire, les Jeux Olympiques 2024 pour lesquels elle vient de remporter un label sécurité. Au-delà des risques physiques, les entrepreneurs ouvrent leur application aux cyberattaques. « La solution est facilement transposable à la protection d’infrastructures informatiques car elle requiert des critères similaires de définition des risques : mobilisation du personnel, identification des bons gestes, etc. », précise le co-fondateur de la start-up.
Pour WaryMe, le CES de Las-Vegas est l’occasion de viser de nouvelles applications dans lesquelles intégrer sa solution. « Elle peut notamment intéresser les campus américains qui sont très sensibles autour des questions de fusillades de masse », ajoute Boris Berger. Deuxième axe d’intérêt, rencontrer des fabricants d’accessoires connectés pour compléter l’offre de la start-up. En effet, WaryMe a déjà développé un bracelet connecté en Bluetooth à un smartphone afin de déclencher des alertes discrètes dans des situations dangereuses.
Article rédigé par Anaïs Culot, pour I’MTech.
Le CES : dernière étape d’une accélération en 3 temps
Du 7 au 10 janvier 2020, le CES de Las Vegas marquera l’étape finale d’une accélération en trois temps pour les start-up les plus prometteuses de l’IMT.
Étape 1.
Au départ : 42 jeunes pousses issues du réseau des 11 incubateurs IMT ont participé à l’édition 2019 de Vivatech en juin dernier.
Étape 2.
Parmi celles-ci, 20 ont été retenues pour présenter leurs solutions en novembre 2019 au Prix Innovation Bercy-IMT.
Étape 3.
Lors de cet évènement, les membres du jury en ont sélectionné 10 pour bénéficier d’un tremplin international grâce au CES. Les lauréats du Prix Innovation Bercy-IMT seront dévoilés lors de la soirée Convergences 2020, le 7 janvier 2019, en présence de l’écosystème de l’innovation français.
En savoir plus sur le Prix Innovation Bercy-IMT
Pour aller + loin : Découvrez les autres start-up de la délégation IMT au CES de Las Vegas !
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