La 5G amorce actuellement sa deuxième phase de développement, avec tout un lot de nouveaux défis techniques et d’innovations technologiques à venir. La recherche et l’industrie sont donc sur le pont pour répondre aux challenges que pose la prochaine génération de communications mobiles. Dans ce contexte, Qualcomm, EURECOM et l’IMT viennent de signer un partenariat incluant également France Brevets. L’objectif ? Mieux préparer les standards de la 5G, et faire sortir les technologies des laboratoires le plus rapidement possible. Raymond Knopp, chercheur en systèmes de communication à EURECOM, nous présente le contenu et les enjeux de cette collaboration.
Que vous apporte le partenariat avec Qualcomm et France Brevets ?
Raymond Knopp : En tant que chercheurs, nous travaillons étroitement sur les technologies de la 5G. En particulier, nous nous intéressons à celles qui sont scrutées de près par le 3GPP, l’organisme international de normalisation des technologies de télécommunications. Pour faire sortir la recherche de nos laboratoires, beaucoup de nos travaux sont menés en collaboration avec des industriels. Cela nous permet d’être plus pertinents sur les problématiques auxquelles sont confrontées les technologies sur le terrain. Qualcomm fait partie de ces industriels, et c’est l’une des entreprises les plus importantes dans la génération de propriété intellectuelle sur les systèmes 4G et 5G. De mon point de vue, c’est aussi l’une des plus innovantes dans le domaine. Ce partenariat avec Qualcomm nous permet donc d’avoir un impact plus direct dans le développement des technologies. En ajoutant France Brevets, nous pourrons jouer un rôle plus important dans la définition des standards de la 5G. Nous avons énormément de chose à apprendre dans la génération de propriété intellectuelle, et ces partenaires nous apportent cette connaissance.
Quelles technologies sont concernées par ce partenariat ?
RK : La 5G est actuellement en train d’amorcer sa deuxième phase. La première phase visait l’introduction de nouveaux aspects d’architecture réseaux et de nouvelles fréquences. Grossièrement, il s’agissait d’augmenter le débit fréquences par un facteur 5 à 6. Cette phase est aujourd’hui en implémentation donc les innovations sont secondaires. Les technologies sur lesquelles nous travaillons concernent plutôt la seconde phase. Elle est plus orientée sur les réseaux privés, sur les applications avec des machines et des véhicules, des nouveaux systèmes de contrôle du réseau… Il y aura bien plus de place accordée aux technologies de découpage réseau et de software-defined network (SDN) par exemple. C’est aussi la phase où seront développées les communications à faible latence et très haute robustesse. Ce sont toutes ces technologies sur lesquelles nous travaillons qui sont impliquées dans le cadre de ce partenariat.
Pensez-vous déjà à la phase d’implémentation des technologies développées dans cette deuxième phase ?
RK : Pour le moment, nos travaux sur l’implémentation sont très orientés vers les technologies de la première phase. Nous sommes notamment impliqués dans les projets H2020 5Genesis et 5G-Eve qui permettent la mise en place de tests sur la 5G, à la fois pour les terminaux mobiles et pour la partie réseau. Ces essais mobilisent notre plateforme OpenAirInterface. Pour l’instant donc, l’implémentation des technologies de la deuxième phase n’est pas à l’ordre du jour. Toutefois, il est clair que la propriété intellectuelle et les éventuelles normes qui seront générées en partenariat avec Qualcomm pourront potentiellement faire l’objet de tests d’implémentation sur notre plateforme. Il faudra cependant un peu de temps avant que nous en arrivions à cette étape.
Que représente ce genre de partenariat avec un industriel pour vous qui êtes chercheur académique ?
RK : C’est une occasion en or de fermer la boucle entre la recherche, le prototypage, la normalisation et l’industrialisation, et de voir nos travaux aller directement dans les technologies de la 5G que nous utiliserons demain. Dans le monde académique en général, nous avons tendance à être monodirectionnels. Nous produisons des publications dont certaines contiennent des choses qui pourraient être valorisées dans les standards et les normes, mais nous ne le faisons pas et les laissons accessibles à tous. Forcément, ce sont les entreprises qui s’en emparent derrière sans que nous ne soyons impliqués, et c’est dommage. Construire des partenariats comme celui-ci avec Qualcomm, c’est aussi apprendre à se saisir de la valorisation de nos technologies et les développer ensemble. J’espère que cela incitera plus de chercheurs à procéder de cette manière. Il faut sensibiliser la recherche académique française à l’importance de suivre de près les processus de normalisation et industriels !
Une conférence pour présenter le futur de la 5G
France Brevets, Qualcomm, EURECOM et l’IMT organisent une conférence à Paris autour de la 5G les 26 et 27 mars 2019. Elle apportera un éclairage unique sur la technologie 5G, l’évolution de ses normes et ses projets de commercialisation. Les participants écouteront une large palette d’experts industriels et technologiques de Qualcomm, des universitaires et des chercheurs de l’IMT et d’EURECOM, ainsi que des experts de France Brevets en matière de politique de propriété intellectuelle.
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