À partir d’une recherche – action conduite dans une collectivité de l’Ouest de la France – les auteurs de cet ouvrage, chercheurs à IMT Atlantique, proposent de questionner le rôle que jouent l’organisation du travail et le management dans le développement des mails. À contre-courant des poncifs sur la place omnipotente du numérique, ils suggèrent de repenser l’organisation pour canaliser l’usage du mail.
Loin de simplifier la coordination et la coopération, l’usage du mail peut créer des e-bureaucraties en exacerbant des comportements d’évitement, de déresponsabilisation ou de déni du réel.
« On devient assujettis aux mails qui tombent », « On ne peut jamais se vider la tête », « On met tout le monde en copie pour se déresponsabiliser », « Certains sont pros dans la mise en visibilité par le mail », « Si on ne répond pas vite, on est soupçonné de ne pas être loyal »…
Ces témoignages montrent la prégnance de l’usage du mail dans le travail contemporain. En effet, nombreux sont ceux qui ne déconnectent jamais de leur travail. Par choix, obligation ou incitation, près de 80 % des cadres regardent leurs mails le soir ou durant leurs congés.
Par ailleurs, le développement sans limites des mails a un impact sur la productivité des salariés dont les tâches sont sans cesse interrompues. Faut-il imposer des journées sans mail comme l’ont fait Canon ou Sodexo ou former à un nouvel usage du mail comme l’a initié Engie ?
À propos des auteurs
Sophie Bretesché est enseignante-chercheuse en sociologie à IMT Atlantique. Responsable de la chaire régionale « Risques, technologies émergentes et régulation », elle est codirectrice du Programme Fédérateur NEEDS (Nucléaire, Énergie, Environnement, Déchets, Sociétés). Ses recherches concernent le temps et les techniques, la mémoire et les changements, les identités professionnelles et les trajectoires des entreprises. Co-directrice de deux ouvrages, « Fragiles compétences » et « Le nucléaire au prisme du temps », et auteure de « Le changement au défi de la mémoire », publiés aux Presses des Mines, elle intervient également à l’Institut d’Études Politiques de Paris dans deux Executive Master (« Conduite du changement » et « Trajectoires dirigeantes »).
Bénédicte Geffroy est enseignante-chercheuse en sciences de gestion à IMT Atlantique et responsable du département Sciences Sociales et de Gestion. Membre du LEMNA, ses recherches portent notamment sur le numérique et les transformations organisationnelles. En tant que responsable du projet fédérateur « Innovation and Risks » dans le labex IRON (Innovative Radiopharmaceuticals in Oncology and Neurology), elle développe également des recherches en management de la santé : gestion des risques professionnels, collaboration interprofessionnelle et dynamique de la médecine nucléaire.
François de Corbière est enseignant-chercheur en Sciences de Gestion à IMT Atlantique. Depuis 2009, il est responsable de l’option OMTI (Organisation et Management des Technologies de l’Information), qui a pour objet de former des ingénieurs sur les métiers du conseil en organisation et de l’assistance à maîtrise d’ouvrage dans les projets numériques des organisations. Membre du LEMNA, ses recherches portent principalement sur les concepts d’intégration et de synchronisation à travers l’analyse de la coordination des échanges d’information et de ses effets, tant sur les transformations organisationnelles que sur la qualité des données. Il est rédacteur en chef adjoint de la revue Systèmes d’Information et Management depuis janvier 2018.
E-bureaucratie
Le travail emmailé des cadres
Sophie Bretesché, Bénédicte Geffroy
et François de Corbière
Presses des Mines, 2018
Coll. « Libres opinions »
96 pages
15 € (broché), 10 € (PDF)
One comment
Pingback: Sophie Bretesché - I'MTech