Comment aider les start-up européennes à dépasser les frontières de leur pays pour se développer à l’international ? Comment créer des collaborations entre jeunes pousses ? Le projet Soft Landing, auquel participe l’incubateur IMT Starter, permet aux start-up et PME en pleine croissance de découvrir les écosystèmes de différents incubateurs européens. Le but est de leur donner un coup de pouce pour qu’elles développent leur activité à l’échelle internationale.
« L’Europe considère, certes, que chaque pays développe bien son propre écosystème de start-up et de PME, mais chaque écosystème se développe dans son coin », regrette Augustin Radu, chargé d’affaires de l’incubateur IMT Starter. Le projet Soft Landing, financé par l’Europe dans le cadre du programme H2020, a vocation à résoudre ce problème. « L’objectif est d’une part de favoriser les échanges entre les différents écosystèmes de start-up et de PME, et d’autre part que ces entreprises aient une vision plus globale du marché européen, au-delà de leurs frontières », poursuit le chargé d’affaires.
Soft Landing est le fruit d’une collaboration entre cinq incubateurs européens : Startup Division en Lituanie, Crosspring Lab aux Pays-Bas, GTEC, en Allemagne, F6S Network au Royaume-Uni et IMT Starter, incubateur de Télécom SudParis et Télécom École de Management à Évry, en France. Dans le cadre du projet, chacun de ces acteurs devra tout d’abord découvrir l’écosystème de start-up et de PME qui se trouve chez ses partenaires. Dans un deuxième temps, les jeunes pousses qui le souhaitent et qui en éprouvent le besoin pourront s’installer temporairement dans un incubateur à l’étranger, durant une période limitée.
Découvrir les spécificités de chaque pays
Durant les deux ans du projet, des représentants de chaque pays se déplaceront dans les incubateurs partenaires pour découvrir et comprendre l’écosystème de start-up qui s’y développe. Pour ces représentants, le but est également de repérer les spécificités, les compétences, tout comme les potentiels marchés, qui pourraient intéresser les start-up de son propre pays. « Chaque pays a ses domaines de prédilection : les allemands travaillent beaucoup autour du thème de l’industrie, alors qu’aux Pays-Bas et en Lituanie, les projets tournent plus autour de la FinTech », ajoute Augustin Radu. « Nous, à IMT Starter, nous sommes plus tournés vers les technologies de l’information. »
Une fois qu’ils auront effectué ces missions de découverte, les représentants retourneront auprès des start-up de leur pays pour leur présenter les opportunités possibles. « À IMT Starter, nous avons prévu une mission en Allemagne au mois de mars, une en avril aux Pays-Bas, au mois de mai c’est nous qui recevrons un représentant étranger, et en juin nous partons en Lituanie », explique Augustin Radu. « D’autres missions en dehors de l’Union Européenne, dans la Silicon Valley et en Inde, pourraient également avoir lieu. »
Accueillir des start-up étrangères au sein des incubateurs
Une fois que les spécificités et les possibilités de chaque incubateur ont été définies, les start-up peuvent demander à être accueillies pour une durée limitée dans un écosystème partenaire. « En tant qu’incubateur, nous allons accueillir des jeunes pousses qui vont bénéficier d’un accompagnement sur mesure », affirme Augustin Radu. « Elles vont pouvoir s’installer dans nos locaux, faire appel à notre réseau de partenaires industriels, collaborer avec nos chercheurs et nos laboratoires. L’objectif est de leur trouver des talents, pour les aider à monter leur business. »
« Bien sûr, il y a un processus de sélection pour les start-up qui souhaitent venir dans un incubateur » précise le chargé d’affaires. « Quels sont leurs besoins exactement ? Est-ce que cela correspond bien aux spécialités du pays d’accueil ? » D’autre part, la start-up ou la PME doit idéalement avoir un niveau de maturité avancé, être bien implémentée dans son pays d’origine et avoir un produit déjà au point. Des prérequis nécessaires pour avoir une chance de continuer à se développer à l’étranger, selon Augustin Radu.
Décloisonner le développement de la recherche et des jeunes pousses
« Si les quatre structures partenaires sont radicalement différentes, elles sont néanmoins toutes très bien implémentées dans leurs pays respectifs », précise le chargé d’affaire. IMT Starter est en effet le seul incubateur partenaire du projet relié à un établissement supérieur d’enseignement et de recherche, l’IMT. Une particularité qui, selon Augustin Radu, peut apporter beaucoup de visibilité à l’incubateur français.
En plus de favoriser le développement des jeunes pousses à l’étranger, le projet Soft Landing décloisonne le milieu de la recherche, en proposant aux chercheurs des écoles associées à IMT Starter de rencontrer et de nouer des partenariats avec des jeunes entreprises étrangères. « Sans cette initiative, il était difficile d’imaginer qu’un chercheur français puisse collaborer avec une start-up allemande ! Alors qu’aujourd’hui, si une jeune pousse européenne s’installe dans notre incubateur parce qu’elle a besoin de notre expertise, elle pourra facilement travailler avec nos laboratoires. »
Le projet s’inscrit alors comme un moyen d’accélérer le développement de l’innovation, à la fois en créant des ponts entre le monde de la recherche et l’écosystème des start-up, mais également en poussant les jeunes entreprises européennes à se projeter à l’échelle internationale. « Nous, dans notre domaine des technologies de l’information, si on ne réfléchit pas global, c’est fichu ! » s’exclame Augustin Radu. « Quand je vois qu’à San Francisco, les entreprises pensent tout de suite à s’exporter au-delà des USA, il faut que nos start-up françaises et européennes fassent la même chose ! » Une nécessité à laquelle répond le projet Soft Landing, en élargissant le spectre des possibles pour les start-up européennes. Les innovations produites sur le vieux continent pourraient alors avoir l’écho international qu’elles méritent.
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