Quèsaco les particules fines ?

Lors des pics de pollution, elles sont dans toutes les bouches, au propre comme au figuré. Les particules fines sont régulièrement pointées du doigt pour leur caractère toxique. Malheureusement, elles ne sont pas de sortie seulement durant les épisodes de forte pollution. Véronique Riffault, chercheuse en sciences de l’atmosphère à IMT Lille Douai, revient sur les fondamentaux des particules fines pour mieux comprendre de quoi il s’agit.

 

À quoi ressemble une particule fine ?

Véronique Riffault : Elles sont souvent décrites sous la forme de sphères, en partie car les scientifiques parlent de diamètre pour évoquer leur taille. En réalité, elles ont des formes variées. Lorsqu’elles sont solides, elles peuvent parfois être sphériques en effet, mais aussi cubiques, ou même constituées d’agrégats de plus petites particules aux formes diverses. Certaines fibres de petites tailles sont également des particules fines. C’est le cas de l’amiante ou des nanotubes. Les particules fines peuvent être liquides ou semi-liquides aussi. Cela arrive lorsque leur nature chimique leur donne un caractère soluble : elles se dissolvent alors lorsqu’elles rencontrent des gouttelettes d’eau dans l’atmosphère.

 

Comment sont-elles produites ?

VR : Les sources de particules fines sont très variées, et dépendent de l’endroit et de la saison. Elles peuvent être générées directement par des processus humains, qui sont généralement liés à des activités de combustion. C’est le cas du chauffage au bois, du trafic routier, de l’industrie… Il existe également des sources naturelles : le sel marin des océans ou les poussières minérales des déserts, mais elles sont généralement plus grosses. De façon indirecte, elles se forment aussi par condensation d’espèces gazeuses ou par oxydation lorsque des réactions dans l’atmosphère vont alourdir des composés organiques volatils. Ces émissions dites « secondaires » sont très dépendantes des conditions environnementales — ensoleillement, température…

 

Pourquoi entendons-nous parler de tailles différentes et de « PM » pour les décrire ?

VR : En fonction de leur taille, les particules fines ont des toxicités différentes. Plus elles sont petites, plus elles pénètrent en profondeur dans l’appareil respiratoire. Au-dessus de 2,5 microns [1 micron = 1 millième de millimètre], les particules sont arrêtées plutôt efficacement par le nez et la gorge. En-dessous, elles entrent dans les poumons. Pour les plus fines, elles peuvent même entrer dans les alvéoles pulmonaires et passer dans la circulation sanguine. Afin de les catégoriser, et d’établir des règlementations en conséquence, nous distinguons donc les particules fines par des appellations spécifiques : PM10, PM2,5… Le chiffre indique la taille supérieure en microns, et « PM » est le sigle issu de l’appellation anglaise « particule matter ».

 

Comment se protéger des particules fines ?

VR : Une des options est le port d’un masque, mais leur efficacité est très dépendante de la façon de les porter. S’il est mal posé il ne servira à rien. Il peut donner un sentiment de sécurité à ceux qui en mettent lors des pics de pollution aux particules fines. Le risque est de se sentir protégé, et de continuer par exemple une activité sportive. Cela conduit à hyperventiler, ce qui augmente l’exposition aux particules. En fait, le plus simple reste de ne pas produire les particules fines. Des mesures de limitation du trafic peuvent être efficaces si ce n’est pas juste une petite fraction des véhicules qui est immobilisée. Les préfets peuvent prendre des mesures auprès des chambres d’agriculture en demandant de limiter les épandages. L’engrais génère en effet de l’ammoniac qui se combine aux oxydes d’azote pour créer des nitrates d’ammonium, qui sont des particules fines. Il faut aussi sensibiliser les gens à ne pas brûler leurs déchets verts dans leurs jardins — comme les feuilles mortes ou les branches des arbres élagués — mais les amener en déchetterie, et de réduire leur utilisation du chauffage au bois lors des épisodes de pollution.

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Les particules fines sont-elles dangereuses en dehors des pics de pollution ?

VR : Même en dehors des épisodes, il y en a plus que ce qu’il faudrait. La seule régulation européenne à l’échelle journalière est sur les PM10. Pour les PM2,5, la limite est annuelle : moins de 20 microgrammes par mètre cube en moyenne. Il y a deux problèmes à cela. Déjà l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande un seuil de 10 microgrammes par mètre cube. Et ensuite cette valeur est régulièrement dépassée sur plusieurs sites en France. La seule chose qui nous sauve, c’est que nous profitons d’un climat océanique qui amène de la pluie. Les précipitations rabattent les particules au sol. Donc en moyenne sur l’année, nous restons sous la valeur limite, mais quotidiennement nous pouvons être amenés à respirer des quantités nocives de particules fines.

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