Au sein des entreprises, les applications numériques ne révolutionnent pas que la production ou le design. Le secteur des ressources humaines est également grandement impacté, qu’il s’agisse d’améliorer le repérage de talents, d’optimiser les processus de recrutement ou de mieux engager les employés dans la vision d’entreprise. Illustration avec KinTribe et Brainlinks, deux start-up incubées à ParisTech Entrepreneurs.
Des dizaines de milliers de profils peuvent parfois être stockés dans les bases de données des recruteurs des grandes entreprises. Mais un vivier aussi conséquent est difficilement exploitable avec des méthodes conventionnelles. « Il est impossible de tenir à jour un fichier aussi grand, les données se retrouvent donc rapidement obsolètes » constate Chloé Desault. Cette ancienne recruteuse en entreprise a cofondé la start-up KinTribe. « Avec Louis Laroche, cofondateur et ancien recruteur également, nous avons pour objectif de faciliter l’exploitation de ces viviers et d’améliorer le quotidien des recruteurs » ajoute-t-elle.
La solution logicielle permet aux professionnels du recrutement de se constituer un vivier à partir des réseaux sociaux professionnels. Avec KinTribe, ils ont ainsi accès à la création d’une base de données exploitable, dans laquelle ils peuvent faire des recherches complexes afin de trouver la bonne personne à contacter pour leur besoin parmi les dizaines de milliers de profils disponibles. « Cela permet d’arrêter de perdre du temps sur des gens qui ne correspondent pas réellement à la cible recherchée » assure la cofondatrice.
Les algorithmes du logiciel sont ensuite capables d’exploiter les données récoltées pour exprimer un indice d’écoute du marché. Cette valeur symbolise à quel point une personne est ouverte à une offre de recrutement extérieure. « 70 % des gens sur LinkedIn ne recherchent pas un travail, en revanche ils peuvent considérer une opportunité qui se présente à eux » pointe Louis Laroche. Pour identifier ces personnes, et à quel point elles sont susceptibles d’être intéressées, l’algorithme se base sur des valeurs-clés connues des recruteurs. Âge, secteur d’activité, période du dernier emploi sont autant de paramètres qui influencent l’ouverture d’une personne à une proposition.
L’un des objectifs prochains de la start-up est d’ajouter de nouvelles sources de données, afin de permettre à leurs utilisateurs d’aller sur d’autres réseaux pour y identifier les talents. Multiplier les données leur permettra également d’améliorer leurs algorithmes de score d’écoute du marché. « Nous voulons fournir au recruteur les meilleures connaissances possibles en agrégeant le maximum de données sociales » résume le cofondateur de KinTribe.
Enfin, les deux entrepreneurs confient s’intéresser également à d’autres sujets, toujours dans le domaine du recrutement. « En tant que start-up nous nous devons de tenter de rester en amont des tendances et de détecter ce que le marché va vouloir. Nous avons consacré une partie de notre été à explorer le potentiel d’un nouveau produit sur la cooptation » conclut Chloé.
Du recrutement à l’engagement en entreprise
Pour les ressources humaines, les outils logiciels ne présentent pas seulement des opportunités dans le recrutement des talents. L’une de leurs missions est également d’engager les employés dans la vision d’entreprise, d’être à leur écoute pour cerner leurs attentes. C’est à cette fin que la start-up Brainlinks a été créée, proposant aujourd’hui une application mobile appelée Toguna aux entreprises de plus de 150 personnes.
Le fonctionnement est simple : sur Toguna, la direction générale ou la direction des ressources humaines sollicite les employés avec une question telle que « À quoi ressemble l’entreprise de demain pour vous ? » ou « Qu’aimeriez-vous voir de nouveau dans les locaux ? ». Les salariés — anonymes sur l’application — peuvent ensuite choisir les questions qui les intéressent, et proposer des réponses qui seront rendues publiques. Si une réponse faite par un collègue est intéressante, il est possible de voter pour celle-ci. Ainsi se crée un engagement collectif autour de questions sur la vie de l’entreprise.
Pour engager un maximum de personnes sur Toguna, Brainlinks a fait le choix d’un design soigné. « Une contribution est mise en forme par celui ou celle qui la propose, en y associant une image, en choisissant la police d’écriture, etc. » explique Marc-Antoine Garrigue, co-fondateur de la jeune pousse. « Il y a un aspect ludique qui permet à chacun de s’approprier ses propositions » poursuit-il. Cette fonctionnalité permet ainsi d’atteindre un taux de participation moyen de 85 % sur les employés d’après Marc-Antoine Garrigue.
Une fois les votes effectués et les proposition récoltées, les directions analysent les réponses. Lorsqu’une est retenue, elle est mise en avant sur l’application afin que la prise en compte des idées des employés soit transparente. L’une des perspectives d’évolution de l’application est d’améliorer encore le dialogue entre managers et employés « Nous souhaitons aller plus loin dans la construction d’une histoire collective : les salariés y participent au quotidien et en retour, la direction explique les décisions prises à la suite des consultations » souligne le co-fondateur. Une opportunité qui pourrait assurément permettre aux entreprises d’envisager la transformation numérique comme un vecteur de créativité et d’engagement collectif.