Terra Data : l’exposition qui décode les données

Jusqu’au 7 janvier 2018, la Cité des Sciences et de l’industrie accueille l’exposition Terra Data. L’occasion de désacraliser les données de leur génération à leur utilisation. Décomposée en quatre parties, l’exposition développe progressivement ce que sont les données et où elles nous mènent. Stephan Clémençon, chercheur à Télécom ParisTech, a participé à son élaboration en tant que conseiller scientifique.

 

A l’image d’Alice, nous sommes tombés dans le terrier du lapin blanc pour y découvrir un monde étrange : celui des données. Par un vendredi pluvieux, l’équipe I’MTech a franchi les portes de la Cité des Sciences et de l’industrie à Paris et arpenté l’exposition temporaire Terra Data. Après un scan de notre visage à l’entrée,  nous voici propulsés dans un autre monde. Quel est-il ? L’intérieur de notre ordinateur, du cloud, de l’Internet ? Encadrés par quatre parois recouvertes de miroirs, notre nouvel environnement a un air d’infini. En son sein, une trentaine de tables rétroéclairées où chaque couleur représente une thématique tels des pixels contenant chacun un bout d’information. A la table n°1, Serge Abiteboul, directeur de chercheur à Inria et commissaire scientifique de l’exposition, nous donne le coup d’envoi par un témoignage vidéo.

Terra Data, cité des sciences et de l'industrie

Des jeux pour comprendre les enjeux

Le parcours est pavé d’explications et de mises en pratiques. Pensé de manière pédagogique, il plonge progressivement le visiteur dans les données. Mais à quoi correspondent-elles ? Une photographie, le film que vous avez vu hier soir, votre liste de courses… les données sont omniprésentes dans notre quotidien. Indépendamment de leur forme, elles représentent une information. Des tablettes sumériennes au big data d’aujourd’hui, elles se sont multipliées de manière exponentielle. Le visiteur observe ainsi le nombre ahurissant de données produites par seconde sur les réseaux sociaux. Comment traiter toutes ces informations ?

Interviennent alors les algorithmes. Rien de compliqué derrière eux, nous en utilisons tous les jours sans y prêter attention. Le visiteur peut ainsi essayer un algorithme : celui du nœud de cravate. Vous êtes plutôt nœud simple ou demi-Windsor ? Dans les deux cas, l’objectif est de montrer qu’un algorithme est une succession de tâches simples. D’autres applications sont présentées, notamment en informatique. Les algorithmes permettent en effet l’indexation des données par les moteurs de recherche. Comme nous l’explique Françoise Soulié-Fogelman de l’université de Tianjin en Chine, ils forgent les techniques de deep learning permettant par exemple aux intelligences artificielles de jouer aux échecs. Ce sont également eux derrière la technologie de reconnaissance faciale.

Françoise Soulié-Fogelman
Françoise Soulié-Fogelman, chercheuse à l’Université de Tianjin

Usages et dérives des données

« Nous entrons dans un monde où on ne sait plus très bien ce qu’une donnée veut dire », commence le sociologue de Sciences Po Dominique Cardon dans une vidéo d’introduction à la problématique : « Que changent toutes ces données ? ». « La donnée n’est qu’une simple trace dont on ne connait pas très bien la signification », ajoute-t-il. Celle-ci n’est ni foncièrement bonne ou mauvaise. Tout dépend de l’application qui en découle. De l’étude du climat aux neurosciences, les données touchent tous les domaines de la recherche scientifique. Elles sont à l’origine de mutation de métiers comme les data journalistes et donnent aussi naissance à de nouvelles professions telles que les data scientists. Ces métiers ont pour vocation d’extraire des paramètres pertinents de ces masses d’informations. Une vidéo représente ainsi en 3D la reconstitution d’un quartier de Venise entre 950 et 1986. Une visualisation rendue possible suite à la numérisation d’archives.

A l’image de ces vestiges du passé, l’Homme moderne laisse des traces numériques via les cookies ou le Wi-Fi : les données personnelles. Ces informations perdues sur la toile sont recueillies lors de nos connexions et peuvent être captées à notre insu. La CNIL conseille le visiteur afin qu’il protège mieux ses renseignements numériques.

Au-delà de notre utilisation directe, les données changent le fonctionnement de la société. Une autre vidéo présente le concept d’intermédiation algorithmique où comment les géants du web (Google, Apple, Facebook, Amazon) suppriment les intermédiaires entre client et fournisseur à travers des plateformes numériques. D’un côté, cette communication horizontale place chaque individu au même niveau. De l’autre, elle encourage l’évaluation permanente d’autrui.

Les données ainsi engrangées pour un site web peuvent par la suite être vendues à d’autres plateformes. Elles participent à la création d’une identité numérique qui nous colle à la peau et nous interroge sur la protection de ces informations. Alors où nous mènent ces données ? Probablement vers un système dépourvu de frontières qui reste encore à définir.


L’exposition Terra Data bénéficie d’expertises diverses avec des sociologues  ou encore des experts en machine learning. Le conseil scientifique profite des connaissances de chercheurs et autres personnalités comme Serge Abiteboul de l’Inria ou encore Isabelle Falque-Pierrotin de la CNIL. Pour en savoir plus sur le rôle de conseiller scientifique d’exposition, Stephan Clémençon de Télécom ParisTech nous répond ici.

Infos pratiques :
Cité des sciences et de l’industrie
30, avenue Corentin-Cariou – 75019 Paris
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 18h, le dimanche de 10h à 19h. Fermé le lundi.
À partir de 11 ans                  En français, anglais, italien            Durée de visite : 1h30

 

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