L’économie numérique en question

L’économie numérique est plus qu’un sous-domaine de l’économie industrielle. Il s’agit non seulement de revisiter des questions classiques de l’économie industrielle, mais aussi d’en aborder de nouvelles comme l’économie des plateformes, des big data et de la vie privée. À travers six articles, ce numéro spécial de la Revue d’économie industrielle, auquel ont contribué des chercheurs de Télécom ParisTech et d’IMT Atlantique, pose les jalons d’un nouveau champ de recherche. Ces contributions théoriques et empiriques montrent comment le numérique affecte l’organisation et la concurrence dans de nombreux secteurs, et modifie les modèles d’innovation et de production de connaissance.

 

Introduction, par Marc Bourreau, Télécom ParisTech, et Thierry Pénard, Université Rennes 1, CREM-CNRS

La révolution numérique est aujourd’hui une réalité dans tous les secteurs de l’économie. Le numérique modifie en profondeur les manières de produire, d’échanger et de consommer. Pour la plupart des entreprises, Internet est devenu un canal de communication et de vente incontournable. Dans le tourisme, par exemple, aucun hôtel ne peut se passer de TripAdvisor ou de Booking.com. Il est difficile aussi pour un consommateur d’échapper à l’écosystème de services de Google, Facebook ou Apple pour communiquer, se divertir, rechercher de l’information ou commander des produits. L’ensemble de l’économie est désormais convertie au « numérique ». La question est de comprendre comment le numérique va à court et moyen terme transformer les marchés et les organisations, mais aussi l’espace et la société. Quels seront les effets de ces transformations numériques sur la concurrence, l’innovation, l’emploi, la croissance. économique, le commerce international, le bien-être des individus, etc. ?

La révolution numérique en cours repose sur trois piliers. Le premier est technologique, à travers les capacités de transmission et de traitement de données toujours plus massives, le développement de l’intelligence artificielle et des objets connectés… L’appropriation de ces technologies par les entreprises permet des innovations majeures à la fois sur les procédés (gains de productivité) et sur les produits (nouveaux marchés, nouveaux produits ou services). Le second pilier est économique, avec l’apparition d’acteurs économiques puissants (les GAFA) qui sont en mesure de réorganiser les chaînes de valeur et d’imposer de nouveaux modèles d’affaires et d’intermédiation. Dans tous les secteurs, les entreprises doivent s’adapter pour mieux répondre aux attentes des consommateurs et à la concurrence de ces nouveaux acteurs, en déployant des innovations organisationnelles et marketing. Enfin, le dernier pilier de cette révolution numérique est social avec de nouveaux modes de sociabilité et d’actions collectives. Le numérique stimule les innovations d’usages et de consommation (consommation collaborative, co-production et diffusion de connaissance, communautés). Mais il remet aussi en question les pouvoirs centralisés et la souveraineté des États, et appelle à de nouvelles formes de régulations économiques et de gouvernance… [Lire l’introduction]

 

économie numérique, Télécom ParisTech, IMT AtlantiqueRevue d’Économie industrielle
2016/4, n° 156
L’économie numérique en question
De Boëck Supérieur
230 pages
30 € (papier + numérique) – 20 € (numérique)

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