Au 1er janvier 2017, Pierre Simay était nommé au titre de rapporteur de l’OISPG. Ce groupe d’experts de la Commission européenne favorise et valorise les pratiques d’innovation ouverte notamment dans le cadre du programme Horizon 2020.
« Aujourd’hui, les entreprises ne peuvent plus innover seules. Elles sont dans des écosystèmes d’innovation où le modèle collaboratif prime », affirme Pierre Simay, délégué à l’international de l’IMT. L’innovation ouverte est une manière de penser la stratégie de recherche et d’innovation comme ouverte aux apports externes via des collaborations avec des tiers.
Le programme-cadre Horizon 2020 regroupe tous les financements de l’Union européenne en matière de recherche et d’innovation. Le programme bénéficie d’un financement de près de 80 milliards d’euros sur une période de 7 ans (2014-2020). Chaque année, des appels d’offres sont publiés pour financer des projets de recherche et d’innovation (projets individuels et collaboratifs). Les services de la Commission européenne en charge d’Horizon 2020 ont mis en place des groupes consultatifs externes chargés de les conseiller pour la préparation des appels à propositions. L’IMT s’implique activement depuis 2010 dans le groupe d’experts sur l’innovation ouverte : l’OISPG – Open Innovation Strategy and Policy Group. Pierre Simay, récemment nommé au titre de rapporteur de l’OISPG, nous présente ce groupe et le rôle de l’IMT au sein de celui-ci.
Qu’est-ce que l’OISPG ?
Pierre Simay : L’OISPG est un groupe d’experts de la DG CONNECT, la direction générale de la Commission européenne en charge des technologies de l’information et de la communication. Le phénomène d’innovation ouverte s’est accentué ces dernières années, avec des modèles plus collaboratifs et plus ouverts. Ces modèles reposent par exemple sur la participation des utilisateurs dans les projets de recherche avec le développement des living labs en Europe (réseau EnoLL). Citons aussi l’émergence de nouveaux écosystèmes de recherche et d’innovation autour de plateformes et d’infrastructures. C’est le cas par exemple de l’initiative européenne « Fiware » qui, en mettant des plateformes de briques logiciels libres de droits à disposition des développeurs et des PME, vise à faciliter la création et le déploiement d’applications de l’internet du futur dans les secteurs dits verticaux (santé, énergie, transports, …).
L’innovation ouverte renvoie à plusieurs concepts et pratiques – laboratoires communs, projets collaboratifs, crowdsourcing, innovation par les utilisateurs, entrepreneuriat, hackatons, plateformes d’innovation technologique, Fablabs – encore nouveaux et qui demandent des efforts collaboratifs de plus en plus intersectoriels. Prenons l’exemple des fermes du futur avec l’agriculture de précision qui nécessite une collaboration entre les exploitations agricoles et des entreprises du secteur des TIC (robotique, drones, images satellites, senseurs, big data…) pour le déploiement et l’intégration de systèmes d’informations agronomiques. C’est pour répondre à ce genre de défis qu’a été créé l’OISPG.
Notre mission s’articule autour de deux grands axes. Le premier : conseiller les grands décideurs de la Commission européenne sur les questions d’innovation ouverte. Le deuxième : favoriser l’adoption de l’innovation ouverte auprès des grands acteurs européens privés et publics, notamment par une large diffusion de cas d’usage et de bonnes pratiques mis en exergue dans les rapports et publications de l’OISPG. Pour ce faire, l’OISPG s’est organisé autour d’un panel d’une vingtaine d’experts européens issus du monde industriel (INTEL, Atos Origin, CGI, Nokia, Mastercard …), académique (Amsterdam University of Applied Sciences, ESADE, IMT,…) mais aussi institutionnel (DG CONNECT, Comité européen des Régions, Enoll, ELIG, …).
En quoi consiste le rôle que vous occupez dans le cadre de ce groupe ?
PS : Mon rôle est de favoriser le travail du groupe et de faire le lien entre les experts et la Commission européenne qui nous interrogent sur des thématiques actuelles liées au programme Horizon 2020 et qui souhaitent avoir un éclairage externe sous l’angle de l’innovation ouverte et ses pratiques. Je pense par exemple à la politique qui se met en place sur la digitalisation de l’industrie (digital innovation hubs) ou bien les réflexions sur la blockchain et les enjeux collaboratifs qu’elle sous-tend. C’est aussi à l’OISPG d’être force de propositions pour mieux définir les modes de collaboration et les critères d’évaluation utilisés par la Commission pour financer les projets d’Horizon 2020. Nous souffrons encore en Europe d’une lourdeur et d’une rigidité administrative qui ne collent pas toujours à ce qu’est l’innovation et ce qu’elle requiert aujourd’hui : rapidité et flexibilité.
Mon rôle est aussi d’appuyer la DG CONNECT dans l’organisation de sa conférence annuelle sur l’innovation ouverte (OI 2.0). Celle-ci aura lieu cette année du 13 au 14 juin à Cluj-Napoca en Roumanie. Au cours de celle-ci, les décideurs politiques, les professionnels, les théoriciens et les praticiens peuvent échanger et travailler de manière concertée sur le rôle de l’innovation ouverte et son impact.
Quels sont les enjeux/opportunités pour l’IMT en tant que membre de ce groupe ?
PS : L’IMT est un acteur de l’innovation ouverte avec de grands programmes comme ceux de la Fondation Télécom (programme FIRST), nos Instituts Carnot et nos plateformes d’expérimentation (par exemple, TeraLab pour le Big Data). Notre participation dans l’OISPG nous permet d’être au cœur des problématiques européennes d’innovation collaborative, de rencontrer des décideurs politiques et de nombreux acteurs européens de la recherche et de l’innovation pour monter des partenariats et des projets. Cela nous permet aussi de valoriser nos expertises à un niveau international.