Il existe un réel engouement pour les vidéos de science depuis ces dernières années notamment avec la montée en puissance du support Youtube. La vidéo est un outil complet et complexe qui s’adapte à différents publics. C’est pourquoi au CCSTI de la Rotonde (Mines Saint-Étienne), elle occupe une place de choix en tant que vecteur de la culture scientifique. C’est également pourquoi I’MTech relaie désormais des contenus audiovisuels.
Qu’elle prenne la forme d’un spot drôle et lumineux ou d’un documentaire posé et studieux, la vidéo est un outil de vulgarisation scientifique qui plait. Elle a cette capacité d’apporter le réel à celui ou celle qui la regarde et s’ouvre à tous les âges. Ce média caméléon, peut aussi bien s’auto-suffire, tout comme il peut compléter d’autres supports. Au centre de culture scientifique technique et industrielle de La Rotonde de Mines Saint-Étienne, la vidéo est un outil de choix depuis les 18 ans d’existence de la structure. Son directeur Guillaume Desbrosse nous parle de la présence de ce média dans la culture scientifique.
Quelle place occupe la vidéo à la Rotonde ?
Guillaume Desbrosse : Dès la création de notre structure, l’outil vidéo a été développé. Il fait partie de notre ADN. Ce qui est assez original car les compétences vidéos ne sont pas faciles à développer. La structure s’est très vite associée à des vidéastes professionnels ou amateurs pour produire des ressources de culture scientifique autour de la vidéo. Nous l’utilisons de manière assez régulière. On l’utilise également dans les expositions que l’on met en place. C’est un média extrêmement intéressant pour toucher un public qui est très habitué aux écrans et à l’image animée.
Ces dernières années, on observe une émergence des vidéastes amateurs, comment participent-ils aujourd’hui à alimenter la culture scientifique ?
GD : Cet attachement à la vidéo a explosé ces dernières années à travers Youtube. La tendance veut que des vidéastes amateurs aient commencé à produire des contenus avec une volonté de diffuser sur des sujets très divers et la culture scientifique n’a pas été oubliée, même si l’on retrouve des niveaux de qualité variables. A la Rotonde, nous avons suivi ça de près, ça nous semblait assez pertinent puisque d’autres acteurs hors champ institutionnel s’emparaient de la diffusion des sciences. Leur succès via le nombre d’abonnés, les commentaires, le style, le nombre de vues nous a interrogés. Comment peut-on pousser ces projets – car ils ont leur place dans la culture scientifique d’aujourd’hui – et les accompagner ?
C’est pour cela que l’on a décidé avec Mines Saint-Étienne de rénover un bâtiment qui est devenu le studio Papaï (Plug And Play Audio and Image) en s’appuyant sur un projet d’élèves ingénieurs. Ce studio au-delà de son utilisation en interne (élèves ingénieurs, enseignants, chercheurs…), est ouvert aux vidéastes amateurs. On propose de les accueillir en résidence pour qu’ils produisent des ressources de culture scientifique. En ce moment on soutient la chaîne Youtube « Balade Mentale » qui traite de thématiques très variées allant de l’odorat à l’étude du mouvement par exemple. C’est une chaine animée par des jeunes dynamiques qui monte avec un peu plus de 30 000 abonnés et on a décidé de l’accompagner pendant 1 an. On soutient également leurs projets en commun avec Florence Porcel qui vulgarise les sciences de l’univers. Suite au succès de cette collaboration, nous avons décidé de mettre en place des appels à projet pour ouvrir cette possibilité à d’autres vidéastes.
Avec cet engouement pour les vidéos de sciences sur Internet, cela est-il représentatif de l’idée qu’il n’est pas nécessaire d’avoir de gros moyens pour faire quelque chose qui marche ?
GD : Ce sont les idées qui font les projets. Une des questions est la caution scientifique. Lorsqu’un public vient voir une exposition à la Rotonde, il sait que qu’il s’agit d’une structure officielle et qu’il y a eu une validation des contenus via un comité scientifique. C’est important d’avoir cette rigueur-là. Bien sûr plus on voit de culture scientifique sur Internet, plus on est content, mais il faut aussi que ce soit fait dans les règles de l’art et que le contenu soit de qualité. C’est d’ailleurs le cas pour beaucoup de chaines de CSTI. Ensuite se pose la question statutaire de ces créateurs qui est un problème essentiel. Quel modèle économique pour ces créateurs ? Quel positionnement dans le paysage professionnel de l’audiovisuel ? Je suis opposé à une exploitation de leurs créations et compétences sans une rémunération honnête. Nous travaillons à un modèle qui puisse les accompagner qualitativement et décemment !
De manière plus générale, la vidéo permet-elle d’élargir le public que vous visez ?
GD : Ce qui est intéressant c’est qu’il n’y a pas un média qui est au-dessus des autres car chacun cible un public particulier. Ce qu’il faut c’est pouvoir être sur tous les fronts et l’outil vidéo a pour ça beaucoup d’avantages. Mais il a aussi des contraintes, ce média est très chronophage que ce soit en termes de montage, de tournage, de lumière… Si vous voulez donner des choses à voir, vous avez besoin de beaucoup d’images pour la réalisation d’un reportage. Mais de manière générale, la vidéo a l’avantage de ne pas être excluante, elle est souvent ludique et elle peut proposer des formats différents.
Est-ce que la capacité de pouvoir proposer plusieurs formats de vidéo est un atout ?
GD : Nous avons produit des vidéos longues avec des reportages de 30 minutes, comme des vidéos courtes sous forme de clip d’une minute. On aime bien jouer avec les différents supports, et pour moi la vidéo est un média passionnant et très intéressant à ce niveau-là. Elle fonctionne un peu comme un laboratoire d’expérimentation. Balade Mentale avait à ses débuts un type de format très long à monter qui leur imposait une grosse quantité de travail. Puis ils sont passés au « face caméra », ce qui leur a permis d’être plus efficaces et plus rapides. Ils ont gagné en partie humoristique et ont donné à leurs vidéos un côté « punchy ».
Donc cela dépend vraiment de qui on cible. Je sais que la tendance est sur les formats courts. Les gens aiment bien regarder des choses rapides. Il faut que ça percute et si ce n’est pas drôle au bout de 4 secondes on coupe tout. Mais il faut aussi laisser la possibilité à des gens d’avoir des formats longs où on prend le temps et où la relation entre vidéaste et public est différente. Il ne faut pas s’empêcher d’aller dans ces formats là et céder à la mode de la consommation rapide. L’Homme est riche et divers, il faut respecter cela aussi.
I’MTech diffuse les vidéos de Balade Mentale. Retrouvez les ici.
2 comments
Pingback: Flotter sur rien ! Archimède et la voix de Dark Vador
Pingback: La vidéo, média caméléon de la culture scientifique – Anaïs Culot