Lauréate d’un prêt d’honneur de la Fondation Télécom et de la Caisse des dépôts (dans le cadre du fonds numérique IGEU) au début du mois de novembre, la start-up Sensorwake propose un système de réveil basé sur les odeurs. Cette jeune pousse incubée à Mines Nantes diffuse un parfum choisi par le consommateur pour le sortir de son sommeil de manière plus douce.
Les premières lueurs de l’aube traversent les rideaux de sa chambre, laissant une fine raie orangée entailler le parquet plongé dans la pénombre. De la couette ne dépasse que son visage endormi, qui ne laisse rien transparaître des errances agitées de son esprit, vagabondant encore pour quelques instants dans les recoins de sa mémoire. Ses oreilles ne perçoivent pas le chant du merle, étouffé par le double vitrage. Tout est calme. Mais dans moins de deux minutes, lorsque les chiffres rouges de l’écran placé sur sa table de chevet afficheront 7:00, ce calme sera balayé. Son réveil crachera une sonnerie électronique, le chaos envahira sa chambre, son esprit, encore rêveur, sortira en un soupir de la torpeur nocturne. Et sa journée commencera dans l’agitation d’une cacophonie inharmonique.
Combien vivent ce scénario chaque jour ? À défaut d’une réponse chiffrée, admettons que la situation ne nous est pas étrangère. Et si nous faisons partie des chanceux qui n’avons jamais ressenti la brutalité quasi-robotique de l’alarme de notre smartphone, nous connaissons tous quelqu’un pour qui chaque matin est un combat à livrer. Pour eux, la start-up Sensorwake propose une alternative : le réveil olfactif. « Ce n’est pas juste un gadget, prévient Ivan Skybyk, co-fondateur de la jeune pousse et diplômé de Mines Alès, il s’agit vraiment de réveiller progressivement et positivement les gens avec des odeurs, des parfums qu’ils aiment ».
Depuis le mois d’août, Sensorwake commercialise donc un réveil basé sur la diffusion d’odeurs à l’heure souhaitée. Le consommateur peut choisir entre sept cartouches aux senteurs différentes dont « bord de mer », « croissant » ou encore « herbe coupée ». Les parfums sont élaborés en partenariat avec Givaudan, entreprise mondialement connue pour ses fragrances — la maison a travaillé avec Dior, Prada ou Saint Laurent pour concevoir des parfums comme J’adore ou Opium.
Ce partenariat avec une grande société offre à la jeune entreprise la perspective de développer de nombreuses autres senteurs. Lors d’une campagne de communication, Sensorwake a ainsi pu proposer un réveil à l’odeur du dollar aux testeurs américains. Ivan Skybyk précise cependant que des arômes sont plus efficaces que d’autres : « Certains parfums ont des vertus apaisantes, et nous préférerons donc nous en éloigner pour privilégier des parfums aux vertus stimulantes pour réveiller l’utilisateur. »
Le réveil en capsule
Les cartouches de Senworwake sont ajourées, et comportent en leur intérieur des billes de polymères imprégnées des parfums proposés par la start-up. Les capsules sont ensuite placées dans le réveil et un système de ventilation silencieux assèche les billes et diffuse dans l’air les odeurs à l’heure programmée. « C’est une ventilation à froid, et à sec car le parfum n’est pas présent sous forme liquide » pointe le co-fondateur. La précision a son importance, car la diffusion à sec permet de ne pas former des microgouttelettes de parfum, qui viendraient ensuite imprégner les tissus. Ici, les molécules sont directement diffusées dans l’air, et les odeurs disparaissent facilement et rapidement dès que la chambre est aérée.
Chaque capsule — entièrement recyclable — a une durée de vie de 30 utilisations de deux minutes. « C’est en moyenne le temps nécessaire pour réveiller une personne avec un parfum » explique Ivan Skybyk. Et d’ajouter : « Lors des premières utilisations cela peut prendre un peu plus de deux minutes, car il faut s’habituer, mais les utilisateurs s’y font vite. » Et si jamais deux minutes ne suffisaient pas à sortir l’usager de son sommeil, une sécurité sonore permet tout de même de le réveiller.
Malgré une solution plus douce que l’alarme du smartphone et une sécurité si jamais le parfum ne parvient pas à réveiller l’utilisateur, Ivan Skybyk reconnaît qu’il est parfois difficile de convaincre ceux qui ne perçoivent pas l’intérêt d’un réveil olfactif. « Il faut l’expérimenter pour l’adopter. Certains se rappellent des expériences passées, quand ils ont été réveillé dans leur enfance par une mère ou une grand-mère qui préparait le petit-déjeuner, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. »
À défaut de cibler les vétérans du bon vieux réveil sonore, Sensorwake mise sur des utilisateurs soucieux des questions de bien-être. Le co-fondateur rappelle d’ailleurs que le réveil est certifié comme respectant les normes européennes de qualité l’air. Il pointe également que « le réveil olfactif représente une solution de choix pour les personnes sourdes ou malentendantes ».
Quels que soient les utilisateurs, la start-up semble séduire. Son produit s’exporte en Suisse, au Benelux et aux Royaume-Uni, où il est notamment présent chez la prestigieuse enseigne Harrods — qui a par ailleurs passé deux nouvelles commandes de réveils depuis le lancement du produit, témoin de l’enthousiasme des consommateurs. Forts de ce succès, Ivan Skybyk et son associé Guillaume Rolland ne veulent pas s’arrêter en chemin. Ils ont ainsi déjà prévu de lancer un nouveau produit lors du Consumer electronics show (CES) de Las Vegas en janvier 2017. Bien qu’il souhaite le tenir encore secret, Ivan Skybyk livre quelques éléments : « Nous ne souhaitons pas forcément nous cantonner au réveil, mais vraiment améliorer de façon plus large le bien-être des gens grâce aux parfums. » Leur prochain produit alliera à nouveau qualité de vie et olfaction. Rendez-vous pris pour janvier prochain !
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