Quèsaco la réalité augmentée ?

bouton quesacoDepuis son lancement, le jeu Pokémon Go bat des records de téléchargement. Au-delà du phénomène vidéo-ludique, il s’agit surtout d’un indicateur de l’arrivée inévitable des technologies de réalité augmentée dans nos quotidiens. Marius Preda, chercheur à Télécom SudParis et spécialiste du sujet, détaille avec nous ce qui se cache derrière ce terme de « réalité augmentée ».

 

Suffit-il de mettre un objet virtuel sur une vidéo du réel pour parler de réalité augmentée ?

Marius Preda : À partir du moment où la réalité et l’objet virtuel sont synchronisés spatialement et temporellement, oui. Selon la définition académique, la réalité augmentée est le résultat d’une perception mixte entre le réel et le virtuel. L’utilisateur observe à la fois une source réelle, et une autre fournie par un ordinateur. Dans le cas de Pokémon Go, il y a bien un synchronisme entre l’environnement filmé par la caméra — qui change en fonction de l’orientation du portable — et les pokémons virtuels qui apparaissent et restent à leur emplacement.

 

Comment assurer cette synchronisation ?

MP : Le jeu Pokémon Go fonctionne sur la géolocalisation : il utilise les coordonnées GPS pour faire apparaître un objet virtuel à un endroit de l’environnement réel. Mais sur les phases de capture des pokémons, cet objet virtuel n’interagit pas avec l’image réelle.

Il existe des réalités augmentées visuelles très précises, assurant la synchronisation d’une autre manière. Elles se basent sur de la reconnaissance de formes préenregistrés dans une base de données. Cela permet alors de remplacer des objets dans la réalité par des objets virtuels, ou de faire interagir des objets 3D avec les formes de l’environnement réel. Ces méthodes sont cependant plus chères, car elles demandent une phase d’apprentissage et un traitement de l’image plus approfondis.

 

Pouvons-nous dire qu’il existe plusieurs réalités augmentées ? 

MP : Nous pouvons dire qu’il y a plusieurs possibilités d’assurer la synchronisation de la réalité et du virtuel. Mais de façon plus large, la réalité mixte est un continuum entre deux extrémités : la réalité pure d’un côté, faite uniquement de réel, et les images de synthèse. Entre les deux nous allons trouver la réalité augmentée, mais aussi d’autres nuances. Si nous imaginons un jeu vidéo entièrement virtuel avec simplement la tête d’un avatar remplacée par le véritable visage d’un joueur, il s’agira alors de virtualité augmentée. Donc la réalité augmentée est un point de ce continuum, où quelques objets de synthèse se révèlent dans le monde réel.

 

Hormis le jeu vidéo, quels autres secteurs sont demandeurs d’applications de réalité augmentée ?

MP : Il y a une grande demande de la part des professionnels. Typiquement, l’opérateur d’une installation industrielle peut profiter de la réalité augmentée pour des réparations. S’il ne sait pas comment installer une pièce, il pourrait être aidé par des démonstrations virtuelles faites directement sur la machine devant lui.

Les architectes sont aussi demandeurs. Ils utilisent déjà des maquettes 3D pour montrer leurs projets aux décideurs qui donneront ou non l’aval à la construction d’un bâtiment. Mais ils aimeraient à présent pouvoir montrer en réalité augmentée un futur bâtiment à l’emplacement où il sera, avec les bonnes couleurs, la bonne luminosité sur les façades, etc.

Et puis évidemment, de telles applications ont un potentiel commercial énorme. En monétisant une localisation sur une application de réalité augmentée comme Pokémon Go, Google pourrait très bien offrir des espaces de jeu situés directement dans des magasins.

 

En savoir + sur la standardisation de la réalité augmentée
En savoir + sur les applications de la réalité augmentée dans le secteur industriel

 

Le+bleu

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