Blacknut : les jeux vidéo à la demande

Incubée à Télécom Bretagne, la start-up Blacknut veut dématérialiser les jeux vidéo. En proposant un service de cloud gaming compatible avec tout type de support, elle compte bien bouleverser la manière de consommer ces produits et d’y jouer. En attendant une version bêta test pour le courant du mois de septembre, Blacknut devenait lauréat du concours d’innovation numérique le 16 juin dernier, financé par le Programme d’investissements d’avenir (PIA).

 

« Pour faire simple, nous proposons l’équivalent de Netflix pour les jeux vidéo. » C’est ainsi qu’Olivier Avaro présente le concept de sa start-up, Blacknut. Son idée ? Rassembler sur une seule et même plateforme en ligne des titres de jeux venant de toute console et de toute période. Plus besoin d’acheter la dernière machine de Microsoft, ou de renouveler sa Playstation à peine vieille de 4 ans : tout serait accessible par ordinateur.

Et là non plus, pas besoin d’un PC haut de gamme. À coup sûr, un argument pour Blacknut qui saura séduire les passionnés qui ont trop souvent dû renoncer à un jeu vidéo parce que leur ordinateur n’avait pas une carte graphique ou un processeur assez performants. La start-up assure en effet l’émulation des jeux de consoles sur ses machines et le calcul des données à partir des actions du joueur. « Nous ne renvoyons aucun fichier vers le client, la seule chose qu’il récupère c’est un flux vidéo » explique Olivier Avaro.

Ce concept de virtualisation est si prometteur dans le secteur des jeux vidéo qu’il a un nom : le cloud gaming. Afin de faire la différence sur un marché naissant mais déjà ciblé par plusieurs start-up dans le monde, Blacknut utilise son statut d’incubé à Télécom Bretagne pour valoriser des technologies sorties des laboratoires des écoles de l’Institut Mines-Télécom. C’est le cas par exemple de XLcloud, un projet impliquant Télécom Bretagne pour mettre au point un service de calcul en nuage haute performance.

 

Éviter le lag pour une meilleure expérience de jeu

Blacknut doit cependant faire face à une limitation : le débit de la connexion internet. « Utiliser la plateforme demande une bande passante importante » reconnaît ainsi Olivier Avaro. Car si en théorie, le flux vidéo ne demande pas plus que ce qui est nécessaire pour regarder un film, impossible de laisser un jeu vidéo charger quelques secondes pour assurer sa fluidité par la suite. Dans la mesure où le joueur impacte sur l’environnement virtuel dans lequel il évolue, les données du flux sont générées en temps réel et non prédéterminées comme pour une série ou un film.

Le fondateur assure que le service est opérationnel « entre 3 et 5 Mbit/s », tout en rappelant que « l’accès à un réseau très haut débit et une connexion fibrée sont évidemment des plus ». Mais la connexion du client n’est pas le seul paramètre sur lequel se joue la diminution de la latence. La proximité des serveurs impacte également sur le temps de trajet des paquets de données. La répartition des serveurs de Blacknut sur le territoire est donc optimisée en fonction de la demande.

 

Vers la dématérialisation des jeux vidéo

Sur le principe, la start-up pourrait donc bien séduire son cœur de cible : les 25-39 ans qui ont arrêté de jouer ces dernières années face à des jeux entre 30 et 60 €. Olivier Avaro vise également d’autres catégories d’âge, comme les enfants qui auraient alors « accès à un large catalogue pour un budget maîtrisé par les parents ». Ou encore les plus âgés, désireux de revivre leur expérience passée sur un jeu qu’ils ne retrouvent plus forcément.

Pour convaincre ces clients potentiels, Blacknut vise un service sous la forme d’un abonnement mensuel. « Nous voulons proposer un service entre 10 et 30 € par mois, ce qui correspond bien plus à la façon dont nous consommons les médias aujourd’hui » détaille Olivier Avaro. Et d’illustrer en citant Deezer, Spotify et Netflix. Le jeu vidéo entre donc lui aussi dans sa dernière étape de dématérialisation.

 

Quels jeux vidéo sur la plateforme Blacknut ?

Afin de proposer une offre large capable de satisfaire les clients, la start-up doit convaincre les éditeurs. « Pour ceux qui ont des partenariats exclusifs avec certaines consoles, c’est impossible » reconnaît Olivier Avaro. Exit donc des titres comme les Final Fantasy, production Square Enix et exportée uniquement sur la célèbre console de Sony. Alors que cela pourrait signifier un manque de gros titres et donc d’arguments de séduction, Olivier Avaro préfère relativiser : « De nombreux jeux célèbres sont sortis ou sortent sans clause d’exclusivité et pourront être distribués dès leur sortie sur Blacknut. »

Aussi la saga Assassin’s Creed, distribuée sur plusieurs machines, pourrait potentiellement se retrouver sur la plateforme en ligne de Blacknut. Bien qu’elle soit la propriété du géant Ubisoft, le fondateur de la start-up ne le voit pas comme un obstacle, au contraire. « Les éditeurs comprennent assez facilement qu’il s’agit d’une nouvelle source de revenus pour eux : nous leur proposons un nouveau canal de distribution » avance-t-il.

Olivier Avaro mentionne cependant que son objectif n’est pas de proposer tous les jeux vidéo possibles et imaginables. Essayer de ramener des joueurs d’e-sport déjà bien équipés et qui privilégient des machines spécifiques malgré des prix très élevés « aurait été une erreur d’appréciation du marché » selon lui. Blacknut n’a ainsi pas pour ambition de se positionner en nouvel acteur du jeu vidéo ultra-compétitif. « Notre objectif est avant tout d’avoir un catalogue riche et qualitatif qui permette à tous les joueurs de trouver leur bonheur pour chaque moment de jeu » conclut son fondateur.

 

 

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