Bien que la fabrication numérique existe depuis plusieurs années, elle n’a réellement pris son essor que récemment. Aujourd’hui, les espaces de prototypage et de création numériques fleurissent dans les lieux d’enseignement et les collectivités. Mais qu’est ce que c’est, au final, la fabrication numérique ? Peut-elle simplement se résumer à l’utilisation d’une imprimante 3D ? Pour nous éclairer sur le sujet, Baptiste Gaultier, ingénieur de recherche à Télécom Bretagne et enseignant pour plusieurs MOOC de l’Institut Mines-Télécom.
C’est quoi la fabrication numérique ?
Baptiste Gaultier : La fabrication numérique, c’est ce qui se pratique par exemple dans les FabLab, qui sont des ateliers mettant à disposition des machines, des compétences et des temps d’ouverture pour que chacun puisse prototyper ce qu’il veut. Par rapport à la fabrication classique, le numérique apporte une automatisation des actions permettant d’accélérer la phase de prototypage. Le but de la fabrication numérique est de vérifier les limites d’un projet ou d’une idée très rapidement.
Donc en gros, la fabrication numérique, c’est de l’impression 3D ?
BG : Pas uniquement. Dans un FabLab, il y a également des fraiseuses numériques, des découpeuses lasers et des outils de modélisation pour mettre en forme un concept. L’imprimante 3D est l’outil le plus connu parce que c’est le plus ludique. Mais dans la pratique les gens qui viennent dans un FabLab ne s’en servent que très peu. En revanche, ils utilisent beaucoup l’électronique et les autres outils pour fabriquer des objets connectés, des drones, du mobilier intelligent, des prothèses ou même des maisons.
« Du mobilier, des prothèses et des maisons » ! Faut-il être un designer ou un architecte pour utiliser la fabrication numérique ?
BP : Absolument pas, tout le monde peut venir. Même s’il y a un aspect créatif, le principal levier qui doit être levé reste le temps. La courbe de progression pour un nouvel utilisateur novice est assez rapide parce qu’il ne s’agit pas de devenir un expert dans tel ou tel domaine. Nous utilisons simplement ce dont nous avons besoin dans les technologies à disposition. Je suis ingénieur de formation, je n’avais aucune connaissance en modélisation 2D ou 3D, et en allant dans un FabLab j’ai appris à modifier mon boitier d’horloge pour le changer. C’est ça qui diffère par rapport à la fabrication classique où il faut maitriser une technologie pour s’en servir. Les utilisateurs bénéficient en plus de la force de la communauté agrégée autour des FabLab, qui partage des compétences et des plans en open source.
Tout ce qui est développé dans un FabLab est-il libre de droit ? Parce que j’aimerais me faire un porte-parapluie qui vibre quand je sors s’il pleut dehors. Mais je veux être le seul à l’avoir par contre !
BP : Ça dépend du lieu. Disons qu’il y a deux types de temps disponibles dans un FabLab. Le premier genre de session est généralement appelé OpenLab ; l’accès y est gratuit. Les FabLab prêchent généralement pour le partage de ce qui est créé dans ces temps-là. Puis il existe aussi des sessions payantes, où les utilisateurs louent du temps d’utilisation des machines et peuvent rester propriétaires de leurs idées — c’est un modèle économique plus récent.
Et si je n’ai pas de FabLab à côté de chez moi, est-ce que je dois déménager ?
BP : Non, la fabrication numérique peut se faire partout. Mais dans un FabLab c’est mieux, parce que les gens ont beaucoup de technologies à disposition, comme l’impression 3D. Ils bénéficient également d’accompagnements dans le développement de leurs projets. Mais par exemple, dans les MOOC que nous avons sortis jusqu’alors et que nous continuons de produire, nous ne demandons pas aux gens d’acheter une imprimante 3D. Nous donnons toutes les bases des technologies et leur permettons de programmer de chez eux, depuis leur ordinateur, des petits objets pour la vie de tous les jours. Mais nous les encourageons aussi à se rendre dans un FabLab à côté de chez eux pour rencontrer la communauté de la fabrication numérique.
En savoir + sur la fabrication additive, procédé de l’industrie du futur
En savoir + sur le FabLab de Télécom ParisTech
Les MOOC sur la fabrication numérique
Baptiste Gaultier est à l’origine du parcours pédagogique en ligne « La fabrication numérique » qui sera diffusé cette année. Deux MOOC verront ainsi le jour ce printemps. Le premier, « Programmer un objet avec Arduino » débutera le 31 mars. Quant au second, « Fabriquer un objet connecté », il commencera le 12 mai. Ces deux cours seront suivis à l’automne 2016 du MOOC « Designer et produire un objet dans un FabLab ».
Cet ensemble de formations vise à donner à chacun les connaissances nécessaires pour prototyper des pièces variées, comme du mobilier ou des objets électroniques.
Vidéo de présentation du MOOC « Programmer un objet avec Arduino » :
6 comments
Pingback: Un FabLab ouvre ses portes à Télécom ParisTech !
Pingback: Au LabFab de Rennes, on bricole avec les outils du XXIe siècle - RECHERCHE & INNOVATION
Pingback: PRIM : Apprendre à innover dans un monde numérique
Pingback: L'incubateur de Télécom SudParis et Télécom École de management s’agrandit !
Pingback: ReVue D’actu De 11h11 – Vendredi 1er Avril 2016 | Régions.news
Pingback: Inauguration du FabLab de Mines Douai