« Officiellement, l’unité démarrera en janvier 2016 » annonce Stéphane Avril, directeur adjoint de l’unité Sainbiose. Pourtant cette équipe de recherche, fruit du rapprochement entre des laboratoires de l’université Jean Monnet et de Mines Saint-Étienne, n’attend pas la nouvelle année pour aller de l’avant. Sainbiose vient en effet d’être labellisée par l’Inserm, offrant à cette unité spécialisée sur les os et le système vasculaire une reconnaissance par l’institut français de référence en santé. Stéphane Avril nous explique les enjeux et les avantages de cette labellisation.
Qu’est ce qui a conduit à cette labellisation ?
Stéphane Avril : Au départ, il y a une stratégie de notre part d’être présents au plus haut niveau sur notre domaine qui est la recherche biomédicale. Dans ce secteur, l’Inserm fait office de référence. La recherche du label était un objectif clairement assumé par le centre ingénierie et santé de Mines Saint-Étienne. Déjà avant 2010, nous avions commencé à réfléchir à la question : « Pourrions-nous y arriver seuls ? ». Mais au niveau de l’Inserm la tendance est plutôt de ne pas labelliser de nouvelles équipes. Pour cette raison, nous avons entamé des discussions avec des collègues de l’université Jean Monnet en 2013. L’idée était de savoir s’ils pouvaient être intéressés par le développement d’une unité mixte de recherche avec nous qui aurait le potentiel de convaincre l’Inserm. C’était le cas.
Comment ce rapprochement s’est-il effectué ?
SA : Il s’avère qu’il y avait déjà une unité mixte entre l’université Jean Monnet et Mines Saint-Étienne : le LINA (ndlr : laboratoire interdisciplinaire d’étude des nanoparticules aérosolisées). Nous avons donc pris cela comme point de départ et cherché à étendre cette collaboration déjà existante sur un périmètre plus large pour y intégrer d’autres activités de recherche en santé de Mines Saint-Étienne et de l’université.
N’y a t-il pas un risque de dispersion des thématiques de recherche et de perte de cohérence pour l’équipe ?
SA : Nous nous sommes associés avec les équipes les plus performantes qui étaient déjà sensibilisées à l’interface santé et ingénierie au sein d’une structure fédérative en santé, baptisée IFRESIS, que nous avions fondée en 2007 entre Mines Saint-Etienne, l’université et le CHU. Qu’il s’agisse du LINA ou des autres équipes, toutes avaient déjà initié des projets de recherche qui pouvaient s’agencer sur des thématiques communes. Nous avons donc regroupé un total de quatre équipes sur deux axes de recherche : les tissus ostéoarticulaires et les vaisseaux sanguins. Le LINA peut par exemple sembler en marge avec ses nanoparticules aérosolisées, mais leur domaine d’étude se situait déjà sur la diffusion de ces nanoparticules dans le corps humain, donc via le sang et le passage des barrières qui le séparent des organes. Pour nous il y a un véritable enjeu à être crédibles. Nous n’avons donc pas essayé de réunir tout le monde.
Que va vous apporter ce label ?
SA : En terme de financement, nous espérons un accroissement du budget annuel de 100 k€, ce qui n’est pas négligeable. De plus, nous serons la seule unité Inserm sur notre nouveau campus, ce qui nous donne un rôle de leader. Au niveau de l’Institut Mines-Télécom il n’y a pas beaucoup d’équipes labellisées Inserm non plus, donc c’est aussi une vraie reconnaissance. Dans notre domaine — l’ingénierie — c’est rare, et ça renforce notre position.
Cela vous ouvre-t-il de nouveaux horizons de recherche ?
SA : Sur le plan fondamental, nous avons déjà développé plusieurs sujets sur lesquels nous sommes en train de nous renforcer, mais nous ne souhaitons pas vraiment partir sur de nouveaux projets. Ce que nous souhaitons faire en revanche, c’est aller plus loin dans le transfert technologique. Nous avons mis en place, dans notre bâtiment, un incubateur pour des start-up et un dispositif d’accompagnement financier. Nous souhaitons nous enraciner dans notre cœur d’activité. Nous voulons permettre à de jeunes chercheurs qui ont fait leur thèse dans notre laboratoire de monter leur start-up. Sainbiose doit être source de projets.
En savoir + sur Stéphane Avril, « mécanobiologiste » à Mines Saint-Étienne.
En savoir + sur la bourse ERC attribuée à Stéphane Avril.
Les travaux de l’unité Sainbiose
Le laboratoire Sainbiose est issu du rapprochement de 4 équipes de recherche :
- Le laboratoire interdisciplinaire d’études des nanoparticules aérosolisées (LINA)
- Le laboratoire de biologie des tissus ostéoarticulaires (LBTO)
- Le groupe de recherche sur la thrombose de l’université Jean Monnet
- L’équipe bioingénierie fonctionelle (LGF, unité mixte CNRS – Mines Saint-Étienne)
Les travaux des chercheurs de Sainbiose porteront sur la compréhension des dysfonctionnements vasculaires, de l’hémostase et des pathologies du système ostéoarticulaire. Leur objectif est notamment de développer de nouveaux outils pour améliorer le traitement et la prévention de ces maladies.
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