Le monde des start-up regorge de success stories, ces belles histoires qui prennent naissance dans une idée et se transforment en réussites entrepreneuriales. L’aventure Linkurious semble bien s’inscrire dans cette veine. Après avoir agrandi son nombre de collaborateurs cette année et gagné le prix Smart pousse 2015 à l’événement Big Media, la start-up née de l’incubateur de Télécom ParisTech et spécialisée dans la visualisation de données n’exclut pas de s’agrandir aux États-Unis dans l’avenir. Pour comprendre comment Linkurious en est arrivée là, retournons deux ans en arrière.
Nous sommes en 2013, Jean Villedieu travaille dans une société de conseil et Sébastien Heymann termine sa thèse en sciences computationnelles et théorie des réseaux. Ce dernier a déjà créé en 2008 une application open-source, Gephi, permettant d’explorer et de manipuler des graphes de données. Fort de cette première expérience concluante — plus d’un million de téléchargements — les deux hommes se lancent sur leur temps libre dans la conception d’une plateforme similaire, dédiée aux entreprises. « À ce moment il n’y avait pas de solution facile à prendre en main pour ces acteurs, malgré une demande de plus en plus grande » confie Jean Villedieu. Car le besoin pour des supports de visualisation et d’analyse des réseaux de données augmente avec l’explosion des méthodes de récolte massive : le big data. Pour Jean Villedieu, le marché ne se limite pas au domaine des réseaux sociaux, puisque « les secteurs de l’énergie ou des télécommunications sont très demandeurs également pour analyser leurs réseaux de distribution » explique-t-il. C’est ainsi que naît un premier prototype de la plateforme Linkurious, permettant de mettre en forme la base de donnée d’une entreprise et de l’explorer. L’objectif est déjà défini : offrir un produit « clé en main » à l’entreprise et qui ne demande pas à l’utilisateur de connaissance informatique particulière. L’usager peut ainsi parcourir le graphe, cliquer sur les nœuds qui représentent par exemple des institutions ou des investisseurs qui gravitent autour de son entreprise, et obtenir des informations sur ceux-ci — État et ville de résidence du siège, lien vers le site web — ou sur la qualité du lien qui les unit — investissement, acquisition, etc. (voir le graphe ci-dessous).
Sébastien Heymann et Jean Villedieu décident alors de plonger pleinement dans l’aventure. En 2014, ils quittent leur travail après avoir vendu suffisamment de licences et perçu tout le potentiel de leur plateforme. Ils s’associent à un troisième co-fondateur, David Rapin, et trouvent un incubateur : celui de Télécom ParisTech, dans le XIVe arrondissement de Paris. Linkurious s’enrichit de nouvelles fonctionnalités, de partage et de sécurité notamment, afin de perfectionner le produit pour des clients plus exigeants. C’est ainsi que la start-up commence son travail sur les graphes massifs, constitués de centaines de millions de nœuds à l’instar des bases de données d’Ebay ou du ministère des Finances. Viennent alors les premiers gros partenariats, avec Neo Technology par exemple pour rendre le produit compatible avec sa base de donnée Neo4j. Mais aussi avec des acteurs plus inattendus, comme l’agence spatiale américaine. « La NASA est un partenaire qui pourrait internaliser le développement d’une plateforme de visualisation de données ; mais en nous confiant cette tâche, ils peuvent se concentrer sur d’autres activités » nous explique Jean Villedieu.
Linkurious aujourd’hui
Depuis 2015, Linkurious continue d’accroître son activité. La microentreprise compte à présent plus de 200 clients, obtenus grâce au bouche à oreille et au marketing réalisé sur le web. Le co-fondateur de Linkurious précise : « Pour l’instant ce sont les entreprises qui viennent vers nous, car notre offre est unique au monde ». La liste des utilisateurs de la plateforme pourrait donc encore s’agrandir avant la fin de l’année. D’autant plus que l’équipe, qui compte à présent deux développeurs supplémentaires, souhaite améliorer son produit en ajoutant des fonctionnalités de visualisation géographique et en augmentant la compatibilité avec d’autres bases de données. Si la start-up a quitté fin septembre 2015 l’incubateur de Télécom ParisTech pour s’installer dans la pépinière Soleillet, quartier du Père Lachaise dans le XXe arrondissement, elle pourrait bien se développer hors de la capitale. En effet, puisqu’une majorité des clients est basée aux États-Unis, Jean Villedieu n’exclut pas le développement d’une antenne outre-Atlantique. Retrouvera-t-on bientôt Linkurious au cœur de la Silicon Valley ? C’est tout ce que nous pouvons lui souhaiter.
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