La muséographie à l’ère numérique avec Avatar 1:1

Repenser l’action muséographique pour la rendre plus dynamique, plus interactive, tel est l’objectif du projet Avatar 1:1. Mettant en scène un personnage virtuel capable de dialoguer au niveau sonore et gestuel avec le visiteur, le dispositif sera testé dans le cadre des journées européennes du patrimoine les 19 et 20 septembre prochains, au Musée français de la carte à jouer d’Issy-les-Moulineaux. Antoine Garnier, Business Developer à l’Institut Mines-Télécom, nous présente ce projet d’un médiateur 2.0.


Dans quel cadre le projet Avatar 1:1 s’inscrit-il ?

Antoine Garnier : Le projet Avatar 1:1 est un projet Investissement d’avenir impliquant plusieurs partenaires afin de créer un avatar numérique à échelle humaine pour une application muséographique. Il a été développé en collaboration avec les entreprises Cantoche, Cliris et Mazedia qui se sont principalement occupées de la création du dispositif in situ, et des organismes de recherche : l’Université Pierre et Marie Curie (UPMC) et l’Institut Mines-Télécom.

Greta est capable de simuler une gestuelle humaine.
Greta est capable de simuler une gestuelle humaine.

Quelle a été la contribution scientifique de l’Institut Mines-Télécom au projet ?

AG : Avatar 1:1 est en fait une application expérimentale d’un projet de plus longue haleine, initié par Catherine Pelachaud, chercheuse en sciences cognitives à Télécom ParisTech. Elle travaille en effet depuis 1999 sur le projet d’un agent conversationnel animé nommé Greta et la modélisation d’un langage non-verbal. En acquérant des données sur les micro-expressions et la gestuelle humaine, et en les numérisant, Catherine Pelachaud a pu enrichir le moteur comportemental de Greta pour aboutir à un avatar capable de dialoguer avec un être humain, à la fois par la voix mais aussi par les attitudes et la simulation d’émotions.

Dans ce contexte global, l’application Avatar 1:1 a nécessité deux ans de développement et a été terminée en août 2015. Pour l’équipe de l’Institut Mines-Télécom, elle se place dans la continuité directe du projet Greta.

Concrètement, quelle est la valeur ajoutée d’un tel avatar dans une action muséographique ?

AG : L’avatar est autonome. Les visiteurs peuvent interagir avec lui en posant des questions et il leur répond. Il est également capable de relancer le visiteur si celui-ci reste interdit à la suite d’une réponse. Il peut véritablement s’adapter à la personne qui se tient en face de lui.

L’idée à terme n’est pas de remplacer un guide mais d’arriver en supplément, de le compléter. Plutôt que d’avoir un dispositif statique, tel qu’une pancarte ou un écriteau, on crée un dialogue avec le visiteur.

Quelle forme prend le dispositif ?

AG : Le support est un grand écran de 70 pouces à la verticale qui affiche un personnage virtuel à taille réelle designé par l’entreprise Cantoche. Il est associé à deux ordinateurs chargés de récolter des données sur le spectateur via un micro. Elles sont traitées, puis l’avatar renvoie une information sonore et comportementale.

L'avatar se place en interlocuteur du visiteur.
L’avatar se place en interlocuteur du visiteur.

Pour l’instant il s’agit vraiment d’une expérimentation : Avatar 1:1 est associé à un parcours de médiation défini par nos partenaires. Il n’a pas vocation à évoluer dans la mesure où son financement s’est fait sur les fonds du projet de recherche. Le développement ou la pérennisation du dispositif passerait par un financement ad hoc. Mais pour cela il faudra attendre les retours du premier test en musée.

Un test qui aura lieu à l’occasion des journées européennes du patrimoine ?

AG : Tout à fait. L’expérimentation aura lieu au Musée français de la carte à jouer d’Issy-les-Moulineaux les 19 et 20 septembre prochains. Avatar 1:1 sera testé sur un parcours de médiation court associé aux thématiques abordées dans l’une des parties du musée : la Galerie de l’histoire de la ville. Les visiteurs pourront dialoguer avec le personnage sur des sujets comme l’industrialisation de la ville, son lien avec l’aviation ou sur le passé des princes de Conti et les grandes propriétés aristocratiques.

C’est très satisfaisant puisque nous trouvons un débouché opérationnel, au travers d’une opération concrète, à un projet de recherche.

Le+bleuTardis : un avatar pour simuler des entretiens d’embauche

L’équipe de Catherine Pelachaud, en charge du développement de Greta, travaille sur de nombreuses autres applications. C’est notamment le cas du projet européen Tardis : un programme d’aide à la régulation des émotions et au développement des interactions sociales. Dans ce cadre, Greta joue par exemple le rôle d’une chargée de recrutement et réagit aux expressions et gestes de son interlocuteur. L’objectif est d’aider les personnes en difficulté sociale à mieux surmonter l’épreuve d’un entretien d’embauche, en analysant leurs réactions au cours de la rencontre, et en les aidant à corriger leurs défauts.

À visionner sur Arte+7 : Futuremag rencontre l’équipe du projet Tardis à l’Institut Mines-Télécom
À lire sur le site de l’Institut Mines-Télécom : Les agents conversationnels animés – Catherine Pélachaud, Télécom ParisTech

En savoir + sur Catherine Pelachaud, directrice de recherche au sein du laboratoire traitement et communication de l’information (LTCI), unité mixte de recherche CNRS et Télécom ParisTech

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