De l’Internet des objets : le off de l’événement « LeWeb’12  » 1/3

Alors que LeWeb’12, le grand rassemblement des entrepreneurs du web, ouvre ses portes aujourd’hui à Paris pour 3 jours de conférences sur l’Internet des Objets, nous publions ici pendant 3 jours quelques extraits des deux derniers cahiers de veille de la Fondation Télécom. Le premier, publié en octobre 2011, portait précisément sur « l’Internet des objets, objets de l’internet ». Le plus récent, publié en octobre 2012, porte sur le « Transmédia ». Les deux cahiers sont toujours disponibles en téléchargement gratuit.

Les premiers extraits du jour :

Un nouveau monde où « objet » et « sujet » sont interrogés

Nous avons créé un monde où l’interaction avec les objets devient la règle : interactions avec l’architecture, avec l’univers urbain, domestique, professionnel, avec les robots et objets banals. On entre alors en conversation avec cet univers sans en être totalement usagers, mais participants ou intervenants. Il ne s’agit plus par exemple de demander à un immeuble quel est-il, ou de quoi est-il fait, mais que peut-il faire pour moi ? Et l’hybridation avec le monde virtuel ajoute une dimension à cette évolution. Nos objets peuvent devenir numériques, du fait de leur « doublure » virtuelle ou de leur création virtuelle, en créant via un picoprojecteur sur son bras une montre virtuelle ou sur sa main un clavier téléphonique.  L’Internet des objets n’est alors pas uniquement une nouvelle forme d’usage ou d’asservissement des objets, mais une reconfiguration complète de ce que peuvent être un objet et un sujet.

Des systèmes auto-évolutifs, apprenants, fusionnant des données, interconnectés pour fouiller des données

La grande variété  d’organisation en réseau des systèmes d’objets communicants  les positionne, selon leur degré de sophistication, entre deux scénarios extrêmes :

  • Un réseau d’objets fixes, alimentés, réunis  autour d’un point de traitement unique qui organise la collecte et la distribution des informations, et qui interface avec le monde extérieur.
  • Un réseau d’objets mobiles, indépendants, gérant de façon entièrement autonome leurs décisions (dont celle de la connexion), avec pour contrainte de réaliser un objectif collectif partagé.
[Voici par exemple] un défi technique plus complexe, [qui] mène à un paradigme radicalement nouveau : la mise en réseau auto-organisée d’objets capables de s’influencer de façon combinée, permet de distribuer le traitement de l’information, de mener à des actions/décisions conjointes mais non centralisée, créant une forme d’ « intelligence ambiante » dont la particularité est de n’avoir été conçue ni à l’avance, ni selon un schéma prédictif. L’impact et les ruptures apportés par un tel scénario d’objets indépendants mais fonctionnant de façon coordonnée en réseau peut être illustré de façon frappante dans le cas de la sécurité d’un bâtiment.

Remettre l’individu au centre

La mise à l’épreuve par l’expérimentation reste un outil précieux. En témoigne le rejet du réfrigérateur proposant des plats en fonction des aliments contenus : incapable de substituer un ingrédient manquant par un succédané, de trop nombreuses recettes, pourtant à sa portée, sont évincées. À défaut d’une simple expérimentation, l’erreur de conception peut passer inaperçu, si grossière qu’elle apparaisse à l’usage. Combien d’autres innovations ratent ainsi leur chance, faute d’un regard nouveau ?

L’Internet des objets peine à dépasser un certain seuil de diffusion, et ce en dépit de l’enthousiasme et des efforts des concepteurs. Or sur ce point, l’imagination est peut-être responsable en ceci que nous l’avons trop exercée dans la limite des seuls objets, au détriment des agencements relationnels dans lesquels ils s’inscrivent.

Comment subvenir judicieusement à notre soif de connexions ? Quelles sont les conditions propices à la symbiose ? Là où l’écologue permet au biologiste, et à partir de ses connaissances, de comprendre comment une plante coopère avec son écosystème, les sciences humaines peuvent proposer à l’ingénieur de situer l’ubiquitaire parmi l’hétérogénéité de nos relations. La pénétration de l’Internet des objets est en effet au moins autant une question sociale et humaine que technique.

 

À propos des cahiers de veille de la Fondation Télécom

Les cahiers de veille de la Fondation Télécom sont le résultat d’études menées conjointement par des enseignants-chercheurs de l’Institut Mines-Télécom et des experts industriels. Chaque cahier, qui traite d’un sujet spécifique, est confié à des chercheurs de l’Institut qui réunissent autour d’eux des experts reconnus. À la fois complet et concis, le cahier de veille propose un état de l’art technologique et une analyse tant du marché que des aspects économiques et juridiques, en mettant l’accent sur les points les plus cruciaux. Il se conclut sur des perspectives qui sont autant de pistes possibles de travail commun entre les partenaires de la Fondation Télécom et les équipes de l’Institut.

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