Au cours des années 90, un fantôme a hanté l’imaginaire global : la silhouette d’un corps androgyne, glabre, élancé et bleu. Il s’agit de l’ « avatar, l’équivalent à l’écran du corps des internautes branchés dans les royaumes désincarnés du virtuel ». C’est dans le cadre de la cyberculture américaine et européenne que cette icône populaire s’est imposée, gagnant le grand public jusqu’à devenir l’empreinte stylistique de la décennie 90. Cet article est une une histoire et une cartographie de cette construction imaginaire. En délinéant les contributions du postmodernisme universitaire, du féminisme, du New Age, des bandes dessinées et de la culture pop à la structuration d ‘un pattern mythographique suscitant ce « corps virtuel » bleu, l’auteur énonce trois modalités d’emprunt culturel : un emprunt ironique (détournement), un emprunt idéologique (propagande) et un emprunt atypique (interférence de substratum)…
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