Cette journée d’études interdisciplianire est organisé à l’Institut Télécom par les groupes de recherches ETOS de Télécom Ecole de Management et CERSES CNRS/Université Paris Descartes.
La puissance des technologies appelle des formes de responsabilité qui concernent la signification que nous souhaitons attribuer au développement de nos sociétés modernes. De nombreux travaux dans le champ de la philosophie des techniques ou de l’éthique des technologies ont, à cet égard, clairement montré que la responsabilité morale vis-à-vis des innovations technologiques doit être appréhendée comme l’aspect complémentaire de la puissance technicienne, comme sa seule véritable réponse eu égard au souci de penser le monde tel qu’il sera pour les générations à venir. Toutefois, cette réponse n’est pas sans entraîner un certain nombre de questions, en particulier pour des sociétés qui sont confrontées à des risques majeurs sur le plan environnemental et qui sont, en même temps, encore largement soumises à des modes de représentation qui imposent une manière relativement univoque d’être au monde, un mode d’être essentiellement centré sur des logiques de consommation. Ce qui induit un mode d’être dans le temps qui s’avère en tout cas contradictoire avec notre capacité de nous projeter dans un temps long, pour le bien des générations futures.
L’un des enjeux de cette journée d’études sera de revenir sur ce que les comportementalistes de l’Ecole de Palo Alto appelaient le « double bind » pour désigner les injonctions paradoxales qui traversent nos sociétés. Nous nous pencherons notamment sur le fait que la question des bouleversements que font subir nos modes de production et de consommation à l’environnement tient une place de plus en plus importante dans l’opinion publique. Pourtant, la montée des préoccupations environnementales ne suffit pas à faire accepter l’ensemble des coûts nécessaires à une modification de ce processus. S’il paraît difficile de mettre en œuvre des politiques efficaces tout en souhaitant poursuivre le développement actuel basé sur le modèle de développement des pays les plus riches, il est pourtant nécessaire de repenser nos modes de coexistence et d’accepter les nombreux coûts liés à ces changements. Il s’agira à partir de là, de dégager les éléments d’une écologie sociale afin d’examiner les dimensions éthiques et politiques qui surgissent dès lors que nous formulons l’ambition de reconsidérer notre relation à l’environnement sans que soit pour autant négligé le souci d’une bonne coexistence dans des sociétés qui entendent demeurer attachées à des valeurs démocratiques. Un tel examen semble d’autant plus nécessaire à l’heure où la réponse des pouvoirs publics au risque environnemental consiste souvent, soit à provoquer plus d’angoisse (ou de peur) que d’évaluation réfléchie, soit à prendre des mesures en termes de normalisation, voire de contrôle des comportements individuels, en laissant finalement très peu de place à la concertation collective.
Pierre-Antoine Chardel (ETOS), Johanna Etner (CERSES), Cédric Gossart (ETOS) et Bernard Reber (CERSES)
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